Bonsoir,
Il y a 4 ans environ, à l'occasion de l'édition dans la Pléiade des œuvres complètes de Marcel Aymé, j'avais proposé avec une collègue un sujet sur ce grand auteur pour une émission littéraire d'Espace 2 - SSR.
Je souhaitais avoir le point de vue de celui qui avait été son premier biographe, Pol Vandromme, qui est un lecteur très fin et un essayiste (im)pertinent capable de nous proposer un essai sur Brassens, une évocation d'Hergé, un décryptage pointu du massacre des gradins du Heysel ou son "Journal de lecture" dans lequel il passe en revue tous les écrivains qui ont compté pour cet exigeant critique. Comme il avait été dans les années 50 un compagnon de certains de ces "hussards" qui avaient reconnu l'auteur des "Contes du Chat perché" comme l'un de leurs oncles, et que je préparais en plus une petite série sur Roger Nimier, Pol Vandromme me parut "the right man at the right place" pour me parler de ces joyeux infréquentables pas toujours politiquement corrects mais qui posaient la fraternité des lettres avant les engagements idéologiques.
Pol Vandromme me reçut très bien tout un après-midi dans sa maison de la banlieue de Charleroi - cigares cubains et grands bordeaux - et remplit plusieurs heures de bandes magnétiques.
Il passa en revue avec gourmandise un demi-siècle de littérature française (et francophone) avec les grands crus pour accompagner son passionnant monologue que je me contentais de relancer avec une question ici ou là sur l'Occupation, Brasillach, Aragon, de Gaulle ou Drieu. (le père de Pol Vandromme s'était engagé très sérieusement dans le Résistance belge.)
C'est justement parce que Pol Vandromme n'appartenait à aucune école, aucun cénacle ou chapelle qu'il est à mes yeux indispensable pour comprendre le fort besoin de liberté créatrice de certains jeunes auteurs au lendemain d'une guerre effroyable et dans un après-Libération où ils affirmaient l'urgence de faire sortir la littérature des casernes de la pensée politique !
Bien cordialement,
RC |