Le manque d'unité est il toujours une faute de goût ? - La 1ère DFL - forum "Livres de guerre"
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La 1ère DFL / Yves Gras

 

Le manque d'unité est il toujours une faute de goût ? de Jacques Ghémard le mardi 06 janvier 2004 à 14h28

Bonjour,

Pour satisfaire quelques curiosités concernant le "pillage" de l’Armée Française par les méchants FFL et leur manque de sens unitaire regrettable dans la bataille, heu non !, dans la marche au pas, je pense que cet extrait du livre d’Yves Gras est assez éclairant et remettra quelques dates à l’heure. Pour être clair, le 20 mai 43, ce n’est pas Giraud qui est hors jeu politiquement mais plutôt de Gaulle, du moins en apparence.

Amicalement
Jacques qui cède la parole a plus gradé que lui

Page 234 (La DFL n’est plus utilisé par les Britanniques depuis El Alamein)
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Larminat se plaint en effet avec âpreté de l'obstruction qu'il rencontre de la part des Anglais. Brûlant d’impatience, il suggère d'emmener la division à Tabarka avec armes et bagages pour l'engager avec les troupes d'Afrique du Nord. De Gaulle lui répond qu'il connaît ses difficultés. Il espère qu'elles s'éclairciront au cours de son voyage très proche à Alger.

De toute façon, le mouvement de la division vers Tabarka serait actuellement impraticable et il ne saurait être question de subordonner aucun élément des FFL au commandement actuel d'Alger. Et comme Larminat insiste, de Gaulle le convoque à Londres le 13 avril, en lui indiquant qu'il avait des raisons de penser que la 1e DFL serait envoyée par la 8e armée dans la dernière phase de la bataille de Tunisie.
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Page 241 et +
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Pour les Français libres, ce 13 mai 1943, jour d'allégresse, est aussi un aboutissement. Dans le spectacle extraordinaire des interminables colonnes de prisonniers qui défilent devant eux, ils voient le résultat tangible de leurs efforts et de leurs sacrifices, pendant deux années de combats et de misères dans le désert. Il aurait été souverainement injuste que les FFL ne soient pas là en ce jour de victoire qui terminait la guerre en Afrique.

La joie de se retrouver en territoire français après tant de péripéties et d'incertitudes est de courte durée. Le 13 mai, la 1e DFL fait sa jonction avec les troupes de l'armée d'Afrique engagées en Tunisie. Vers midi, ses éléments avancés établissent, à Djeradou, la liaison avec le groupement blindé de la division d'Oran, commandé par le colonel Le Coulteux de Caumont, cet officier de cavalerie qui, deux ans auparavant, en Syrie, avait mené contre la ~ DLFL la contre-attaque de Kuneitra.

Les premiers contacts entre combattants des deux divisions sont plutôt amicaux. La DFL reçoit la visite d'officiers de l’ "armée Giraud". Le colonel Brosset rend visite au général Koeltz, au PC du 19. corps d'armée, et l'entrevue est cordiale. A la division d'Oran, le général Boisseau offre un déjeuner à une délégation des FFL. Entre camarades qui viennent de participer aux mêmes combats, on sympathise.

Mais il est inévitable que le conflit opposant le général Giraud au général de Gaulle depuis le mois de janvier se répercute sur les relations entre les deux armées qui stationnent maintenant sur le même territoire. Sous Giraud, l'Afrique du Nord continue de vivre sous le régime de Vichy et à penser selon les normes de la "Révolution nationale". L'année d'Afrique qui baigne depuis trois ans dans cette ambiance est encore imprégnée de ses manières de penser et de sa propagande antigaulliste.

Les Français Libres qui ont suivi une évolution différente ne peuvent que se heurter à cet état d'esprit qui leur est étranger. Ils estiment qu'ayant choisi "la voie qui s'avérait être la bonne", leurs camarades d'Afrique du Nord doivent s'aligner sur leurs points de vue. Ils trouvent naturel que ceux-ci viennent à eux.

L'arrivée de la 1e DFL et de la colonne Leclerc en Tunisie suscite, dès les premiers jours, un courant de ralliement à la France Libre. Ce sont d'abord les centres du Sud Tunisien qui demandent à être administrés par les autorités de la France libre. Le 30 avril, un officier envoyé spécialement par le colonel Vaneck, commandant le 7e régiment de chasseurs d'Afrique, se présente au général Koenig à Sfax pour lui offrir de passer avec tout son régiment sous les ordres du Général de Gaulle. Vaneck propose également de lui rallier les jeunes gens des Chantiers de Jeunesse où il était commissaire général.

Enfin, le 3 mai, toujours à Sfax, les sous-officiers et soldats du 4e régiment de spahis demandent à passer aux FFL. Sur la prière instante du colonel, le colonel Garbay, adjoint de Brosset, doit leur faire un discours pour les calmer. Il ajoute, en rendant compte de l'incident, que "Si l'union Giraud-de Gaulle ne se fait pas rapidement, le régiment se débandera".

Cette union, le général Catroux la négociait à Alger. Soucieux de ménager Giraud, il interdit aux FFL engagés en Tunisie d'ouvrir leurs rangs aux soldats qui abandonnent l'armée d'Afrique. Mais de Gaulle n'est pas de cet avis.

Depuis le 1er mai, il a repris sous ses ordres directs la 1e DFL et le groupement Leclerc qui dépendaient du commandement en chef des FFL au Moyen-Orient. Il invite au contraire Larminat et Leclerc à "accepter tous ceux qui veulent se rallier qu'ils soient civils ou militaires en unités constituées ou isolés. Ceci s'applique en particulier, dit-il, dans son message, au colonel Vaneck et au 7' chasseurs d'Afrique aussi bien qu'au 4e spahis. L'opinion de l'étranger importe peu".

D'ailleurs, le 13 mai, il regroupe sous un même commandement, qu'il confie à Larminat, la 1" DFL, désormais commandée par Koenig, et le groupement Leclerc qui devient la 2e DFL, l’ensemble formant le groupe de divisions françaises libres. Avec Larminat, de Gaulle pouvait être assuré que ses instructions sur le recrutement des volontaires, "quelle que soit leur origine", seraient appliquées sans aucune concession.

A la fin de la campagne de Tunisie, Larminat constate avec satisfaction que les ralliements aux FFL se multiplient. "Leclerc et moi, écrit-il, n'étions pas loin des unités de Juin et nous fûmes submergés par l'arrivée, isolément ou par unités, de bons garçons qui préféraient être chez nous. Bien sûr, il y avait des instables, mais en petite minorité".

En réalité, les FFL se livrent à une propagande intense pour attirer les jeunes Français engagés dans l'armée d'Afrique. Les permissionnaires envoyés à Tunis et dans les villes d'Algérie servent le plus souvent de recruteurs. Ils racolent les hommes dans les cafés ou les foyers militaires, les incitent à quitter leur unité pour rejoindre les FFL et les ramènent clandestinement en camions vers Enfidaville et Sousse où stationnent les deux divisions de Larminat. Leur action échappe à tout contrôle et à toute sanction de l'autorité militaire locale, à laquelle les FFL refusent de se subordonner.

Dans les rangs de l'année d'Afrique, ces "ralliements" sont considérés tout simplement comme des désertions. Ils y soulèvent l'indignation en ravivant les sentiments anti-gaullistes et les animosités d'antan.

Les Français libres ne sont pas dans de meilleures dispositions à l'égard de leurs camarades d'Afrique du Nord. Ils se méfient aussi des Anglo-Saxons qui les ont trahis lors du débarquement en Afrique du Nord et de Giraud qu'ils soutiennent contre de Gaulle.

Le plus virulent est Larminat. Apprenant le 20 mai l'arrivée prochaine de De Gaulle à Alger, il estime que "dans ce pays barbaresque et rudimentaire, il n'est pas prudent de le laisser livré à la bonne foi de Giraud et de ses séides". Aussi prend-il l'initiative d'envoyer à Alger, en camions, une section de légionnaires et de coloniaux aux ordres des capitaines Simon et Blanchet pour assurer la sécurité personnelle de De Gaulle. L'arrivée de ce détachement de FFL met les autorités d'Alger en émoi. C'est le général Catroux lui-même qui les renvoie en Tunisie, en s'opposant toutefois à ce qu'on les désarme et en invitant Larminat à ne plus recommencer.

Les dissensions entre Français se révèlent au grand jour à l'occasion de la parade organisée le 20 mai à Tunis pour présenter les troupes victorieuses de Tunisie. Larminat a refusé que les FFL se joignent aux unités d'Afrique du Nord du général Koeltz, comme le lui a demandé Giraud et comme l'escomptait le commandement allié. Il n'était pas question pour lui Cie manifester dans cette circonstance une union qui n'existait pas, puisque de Gaulle restait exclu d'Afrique du Nord.

La délégation des FFL défile donc à sa place normale dans l'ordre de bataille, avec la 8' armée britannique dans les rangs de laquelle les FFL ont combattu. Bien détachés et reconnaissables à leurs calots de couleur et leurs drapeaux à croix de Loraine les Français libres sont acclamés par la population qui, d'ailleurs crie: "Vive de Gaulle ! note le général Lelong, même lorsque ce sont les troupes du général Giraud qui passent."

"C'était un symbole tragique, raconte le journaliste américain Kenneth Pendar, que de voir le groupe imposant des régiments nord-africains et le petit groupe gaulliste défiler loin d'un de l'autre, tous braves mais divisés sans espoir."

Au lendemain du défilé, un nombre croissant de militaires continue d'affluer à la 1e DFL qui a ouvert à Kairouan un Centre d'accueil pour les recevoir. Les convois de permissionnaires qui se rendent à Tunis reviennent non seulement chargés de volontaires, mais aussi en ramenant quelques véhicules supplémentaires, jeeps ou camions "piqués" aux Américains, selon une habitude dont les FFL, toujours hantés par la crainte de manquer de matériel, ne se sont pas défaits et qui contribue à entretenir leur mauvaise réputation dans l'armée d'Afrique.

Ces pratiques font monter la tension entre Français libres et Français d’Afrique du Nord. Pour éviter des incidents violents, Larminat doit interdire à tout isolé ou véhicule des FFL de circuler dans les zones de stationnement des divisions de Giraud. Le général Juin, qui assure l'intérim de la Résidence générale à Tunis, s'inquiète de cette situation. Il convoque Larminat le 22 mai.

L'entrevue est dépourvue d'aménité. Juin reproche à Larminat d'encourager les désertions. Il l'invite à faire cesser les débauchages et à rendre les déserteurs. Larminat lui réplique, non sans insolence, ni une certaine mauvaise foi, qu'il n'est pas sous ses ordres et que "si ses troupes sont assez peu disciplinées et assez mal commandées pour se débander, c'est son affaire et non la sienne". Quant aux transfuges qu'il a recueillis, il n'est pas question de les livrer. Ils n'ont pas quitté leur drapeau, mais seulement effectué "un changement de corps spontané sous le même drapeau". Ils resteront là où ils sont. Enfin, Juin prétendant interdire l'accès de Tunis aux FFL en barrant la route d'Enfidaville, Larminat le menace de la faire patrouiller, et "mes hommes, ajoute-t-il, ont la gâchette assez sensible. Alors il y aura du dégât".

Il n'y a pas moyen de s'entendre, du moins tant que durera le conflit opposant Giraud à de Gaulle. Les choses avancent certes depuis l'entrevue d'Anfa. Dans un mémorandum du 23 février, de Gaulle formule publiquement les conditions qui doivent, à son avis, former les bases de l'union. Il reçoit l'approbation et le soutien des mouvements de résistance de Métropole que contrôle, dans une très large mesure, le Comité de la France combattante. C'est là un atout décisif qui fait intervenir dans les négociations que le général Catroux mène à Alger le poids de la nation tout entière.

Giraud, pris à contre-pied, doit rallier, nolens volens, aux principes dont se réclame la France combattante. Il lui faut accepter une solution de compromis consistant à créer un organisme gouvernemental dont il partage la présidence avec de Gaulle.

Le 30 mai, de Gaulle peut enfin débarquer à Alger. Mais son arrivée ne met pas fin aux divergences qui séparent les deux généraux.

En Tunisie, la discorde est loin de s'apaiser. De graves incidents accentuent au contraire le divorce. Les FFL maintiennent leurs bureaux de recrutement et leurs centres d'accueil dans les principales villes, à Sousse, à Monastir, à Kairouan. Les Français libres ne reconnaissent d'autre chef que de Gaulle. Ils refusent les ordres des autorités militaires territoriales qui leur enjoignent de fermer leurs officines.

A la fin, sur la demande de l'état-major d'Alger, le groupe de divisions françaises libres se voit interdire le séjour en Tunisie par le commandement allié. Le 7 juin, il reçoit l'ordre de retourner en Tripolitaine sous le prétexte officiel de s'y reformer au calme.

En annonçant à ses hommes la nouvelle de ce départ inattendu, Koenig s'efforce d'atténuer leur amertume. De Gaulle l'a assuré, leur dit-il, qu'ils seraient parmi les libérateurs de la France. "Je ne veux pas tarder davantage, ajoute-t-il, à vous dire que les premiers soldats de De Gaulle seront aussi de la phase prochaine de la guerre".

Le 10 juin, toute la 1e DFL reprend en sens inverse la route par laquelle elle est arrivée un mois plus tôt, pleine d'espoir et d'ardeur. Le 12 au soir, elle s'établit au bivouac à 100 kilomètres à l'ouest de Tripoli, au sud de la route de Zuara à Sabrata, dans les sables brûlants de ce désert qu'elle croyait avoir quitté sans retour.
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