Bonjour,
Il sera bien sûr plus agréable d'avoir un débat élargi sur ce téléfilm ambitieux lorsqu'une chaîne française et un programme belge l'auront diffusé, mais je dépose tout de même une remarque sur le jeu très bien maîtrisé de Robert Carlyle dans le rôle titre. Il réussit le tour de force sur plus de trois heures de ne jamais permettre un début d'empathie avec son personnage.
Si cela peut paraître normal à des téléspectateurs européens qui sont initiés, même sur les grandes chaînes privées ou publiques, aux réflexions et aux recherches de réalisateurs en général conscients de leur responsabilité de créateurs, obtenir une identification aux personnages principaux reste le mode de direction des réalisateurs nord-américains grand public. Les producteurs hollywoodiens misent des sommes extravagantes sur des films qui tapent dans l'affect et les merveilleux frères Coen ("Fargo", "Miller's crossing", etc.) passent sans doute pour des extraterrestres avec leur travail de mise à distance par la façon de cadrer mais surtout à travers une direction d'acteurs qui empêche l'identification au premier degré.
Dans "Hitler, la naissance du mal", si on retrouve certaines des formes classiques des productions made in USA et un rythme de montage efficace, le jeu de Robert Carlyle et de ses camarades est maîtrisé de telle manière qu'il empêche tout début d'empathie, surtout dans des scènes reconstituant des instants d'intimité dans le vie d'Hitler.
Carlyle est impressionnant de contrôle et on voit qu'il a étudié avec soin la gestuelle d'Hitler : les séquences de la brasserie münichoise sont particulièrement révélatrices du talent de ce comédien. Il a su éviter l'excès (tentant) et la caricature.
Bien cordialement,
Ren Claude |