Du temps et de la nuance - Mémoire d'une Suisse en guerre - forum "Livres de guerre"
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La description du livre

Mémoire d'une Suisse en guerre / Fabienne Regard & Laurent Neury

En réponse à -5 -4 -3 -2
-1Les Suisses découvrent (presque) leur Histoire contemporaine de René CLAUDE

Du temps et de la nuance de René CLAUDE le jeudi 16 octobre 2003 à 12h29

Bonjour ou bonsoir,

Comme je l’ai déjà exprimé dans ce fil, lorsque l’on aborde l’histoire contemporaine de la Confédération helvétique, il faut s’efforcer d’éviter les clichés, les contre-vérités, la caricature et les généralisations qui ont été réactivés, sans distance critique et généralement à des fins partisanes, depuis le milieu des années 90. Sur cette nécessité, tous les historiens (suisses et étrangers) conscients de leur responsabilité future devant la génération de nos enfants et tous les journalistes sérieux s’accordent en général sans problème. Après, chacun fait sa synthèse avec sa sensibilité culturelle et politique. Mais avant, il faut plonger dans une histoire riche en découvertes étonnantes.
Cela dit, je crois que les gens curieux de ma génération doivent faire leur mea culpa : comme nous nous sentions coupables des silences embarrassés de nos parents et de nos grand-parents mais surtout des institutions du pays, nous avons trop vite relayé des affirmations sans savoir la réalité historique et sans connaître les nuances de l’histoire des mentalités du peuple suisse entre 1939 et 1945. J’ai moi aussi pratiqué l’amalgame, usé de raccourcis et affirmé des accointances entre la finance suisse, le Conseil fédéral et le Reich sans m’être renseigné précisément. D’ailleurs, ainsi que l’écrit justement J.-P. Richardot, « il n’est pas vrai que ce soit un peuple régi par des banquiers cyniques. Les banquiers suisses (comme tous les banquiers du monde, à commencer par les français et les américains) sont parfaitement cyniques, mais ils ne sont pas le peuple suisse » (p. 21)

En déposant le livre collectif sur le temps de la Mob’ pour initier ce fil, j’avais l’espoir de parvenir à plonger dans le proche passé de ce qui constitue un « canton » important de ma mémoire pour en extraire des éléments nouveaux, et je dois dire que je ne suis pas déçu !

Grâce à mon intérêt pour les rapports tissés par des responsables des Mouvements Unis de Résistance (Davet, Bénouville,…) et des chefs de réseaux de renseignements travaillant pour l’IS en Suisse (Groussard, Devigny), j’ai découvert l’attitude et l’action du brigadier-colonel Masson, du capitaine Clément, d’un Barbey à l’Etat-major de Guisan, mais aussi du bureau « Ha » d’Hans Hausamann et d’autres citoyens helvétiques qui ont participé, d’une façon ou d’une autre, publiquement mais le plus souvent dans le secret à faire de leur pays un refuge, un sanctuaire et une base de lancement pour des activités qui étaient en totale contradiction avec le souci de neutralité d’une partie de la Suisse officielle et le sacro-saint respect du REGLEMENT, pierre d’angle de la mentalité helvétique durant la première moitié du XXe siècle. (Et là encore, il faudra nuancer, car même le navrant Pilet-Golaz de juin 1940 évolua dès la fin 1942 ; de même, certains douaniers surent oublier le règlement lors du passage de résistants français à leur poste de contrôle dans le Jura ou autour de Genève ; Guisan lui-même ne donna pas toujours suite aux demandes pressantes de Masson et de certains conseillers qui souhaitaient faire taire les éditorialistes antinazis par crainte des réactions virulentes des services de Gœbbels, etc.)

Un exemple :
Si je savais que le réseau « Gilbert » était animé par Groussard et Devigny depuis Genève où le colonel avait trouvé refuge après ses problèmes avec Vichy, en revanche, J.-P. Richardot m’a appris qu’un officier du SR suisse, le capitaine Clément, était l’un des membres fondateurs du réseau dans la cité de Calvin le 1er décembre 1942 à l’hôtel « Mon Repos », avec Groussard, bien sûr, ex-SR français, le lieutenant Devigny et le vice-consul anglais Victor Farel. Mais sans l’accord de Masson, pas de réseau « Gilbert » à Genève ; rien ne se faisait dans la guerre de l’ombre sans l’assentiment du rude colonel vaudois.

J’aimerais revenir une fois encore sur l’action de l’un des personnages importants de ce fil, Hans Hausamann qui, bénéficiant lui-même durant quatre ans de la protection du colonel Masson, a couvert puis défendu publiquement Rudolf Rössler. Lors d’un débat organisé au milieu des années 60 par la TV suisse alémanique à Zürich, il répondit à des journalistes qui lui demandaient pourquoi il n’avait pas averti Masson des activités de renseignement de Rössler qu’« il fallait aider les Russes à gagner la guerre. Si Les Allemands avaient eu la victoire, la Suisse aurait disparu. »
Le mérite du bouquin d’Accoce et Quet fut d’avoir été sans doute l’un des premiers récits à nous faire découvrir ces citoyens suisses improbables qui prirent part au combat antinazi en aidant aussi des agents qui travaillaient pour les soviétiques. Qu’ils aient arrangé leur récit est fort possible – je chercherai en route les raisons et les conditions de leur revirement quelques années après - , mais ils n’ont pas inventé les principaux protagonistes de leur histoire où alors c’est toute la Suisse qui a été atteinte d’hallucinations quand le très discret Hans Hausamann est venu défendre R. Rössler sur un plateau de TV en 1966.(*)

Des rapports entre Masson et le chef du SD Schellenberg ont également été abordés et analysés par des chercheurs suisses. J’attends un livre de l’un d’eux afin de pouvoir comparer et, là aussi, nuancer sans être brutalement affirmatif.

Toutes ces pistes, tous ces liens, tous ces contrastes nécessiteront encore du temps, des (re)lectures, car je partage l’avis d’Edwy Plenel selon qui « les secrets sont à portée de main : dans les livres »

Alors : A suivre....

Bien cordialement,

René Claude

(*)Compte-rendu sténographique de l’émission en direct.

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