Bonjour,
J'ai regardé de longs passages du docu consacré à l'un des derniers trains de déportés partis du Sud de la France pour Dachau qu'Arte diffusait hier soir. ("Grand format : Lettres du train fantôme")
Une nouvelle fois, les producteurs et réalisateurs ont emprunté les mêmes pistes, usant des mêmes moyens caduques : plans fixes faussement amateurs, montage lent et assommant, témoignages approximatifs et musique qui prétend souligner le drame mais qui encombre le propos.
Dire que je me suis ennuyé n'est pas bien vu, pas politiquement correct, et pourtant c'est ce qui s'est passé, ce qui est impardonnable. Oh, pas pour le simple téléspectateur que je suis, mais pour ceux qui ont produit une fois encore de longues minutes de ce qui est devenu une évidence : sans une pensée et une démarche historiennes et "artistiques" allant dans le sens de la rupture et d'une radicalité totale, il est impensable/impossible de montrer et de dire les trous laissés par les morts et les disparus. Ou alors, on montre l'évidence, et dans évidence, il y a VIDE...Et ça devient vite comme un long interlude.
Depuis "Shoah" de Claude Lanzmann - ce passeur essentiel vers le canton des morts et des disparus - qui sut, lui, filmer les silences, les murmures des survivants et cerner, sans y sombrer, le trou noir de l'absence, on ne peut plus tourner de documentaires sur la déportation, la mort et l'absence sans l'avoir comme référence. Ou alors, on triche, on bricole, on (s')arrange et on fait dans l'anecdote.
Ce n'est plus une histoire d'horaires de trains.
Cordialement,
René Claude |