Une anecdote sur de Pierre de B. - Jeune homme, vous ne savez pas de quoi vous parlez - forum "Livres de guerre"
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Jeune homme, vous ne savez pas de quoi vous parlez / Georges-Marc Benamou

 

Une anecdote sur de Pierre de B. de René CLAUDE le dimanche 10 août 2003 à 20h23

Parmi les fidèles du vieux Président-Roi, il y a un "maréchal d'Empire" qui l'a accompagné jusqu'au bout, présent lors des derniers mois d'un septennat (règne ?) crépusculaire : il s'agit de Pierre de B., venu de la droite la plus dure, qui flirta avec les éternels comploteurs de la Cagoule, alla à Vichy - comme son ami Mitterrand (ils se tutoyaient) où il sentit le vent tourner avant de rejoindre le Mouvement Combat de Frenay qu'il tenta de phagocyter dès le printemps 1943 en tentant de le faire glisser vers la droite antirépublicaine en y faisant entrer quelques uns de ses amis pas trop compromis avec le maréchalisme...

Georges-Marc Benamou l'a croisé, l'a interrogé; il avoue même l'avoir un peu "cuisiné" lors de la préparation de "C'était un temps déraisonnable" (sur l'affaire de Caluire, sans doute). Voici des lignes dures sur ces antisémites maurrassiens qu'il compare à de vieux opiomanes en manque de leur "came" : ces pamphlets antisémites de Drumont & Cie qu'ils commandaient clandestinement à Coston.
Voici ces lignes terribles :

"J'en ai connu un, croisé à Solutré. Il était l'un des plus anciens amis de Miterrand. J'aimais bien ce général d'Empire, leurs tutoiements, leurs mots d'avant-guerre, leurs manières de pensionnaires de Saint-Agil, leur jeunesse retrouvée(...) et ces prévenances qu'ils avaient l'un pour l'autre - "Pierre, tu as pensé aux chaussures...?" "François, tu as pris ton chandail ?"
J'étais venu pour qu'il me parle d'une énigme de la Résistance. Il ne m'apprit rien - on ne passe pas une vie de coffre-fort pour l'ouvrir au premier venu. De toute façon, il aurait menti encore.(...)
La campagne d'Italie avec De Lattre qu'il racontait comme s'il avait été avec Bonaparte(...) Le Paris des années 50 et 60, ses amis juifs, ses amis monarchistes. Il avait été, durant des décennies, les plus efficace officier de liaison entre les anciens vichystes et "la haute société israélite". Il les présentait, les fiançait, les bénissait, mettait de l'ordre dans ce chaos de l'après-guerre. C'était son pouvoir, sa spécialité. Il protesta ce jour-là avec une véhémence qui me toucha contre les gaullistes qui soutenaient l'horrible Papon au procès de Bordeaux, jura sa "fidélité aux Juifs" et au Roy avec sa fougue de vieillard. J'allais chavirer devant cette déclaration d'amour quand mon regard glissa, comme on trébuche en marchant, sur une trace blanche sous la pile de magazines posée à nos pieds.
Trois livres, des opuscules plutôt, couverture blanche à la typographie simpliste. Trois livres disposés autrement qu'au hasard des piles brouillonnes. Exceptés les journaux, il n'y en avait aucun autre. Je tentais de cacher ma curiosité à mon interlocuteur pour déchiffrer à l'horizontale les titres cachés. J'ai été aussi sidéré en les découvrant que si j'étais tombé sur une pipe d'opium chez le gouverneur de la Banque de France.
Le vieux général avait planqué là sa came. Sa came ?
Trois grands classiques de l'antisémitisme qui n'étaient pas des livres de collection. Des rééditions récentes, des livres qui ne s'achètent pas en librairie mais se vendent sous le manteau, toujours par correspondance, avec une garantie d'enveloppe cachetée, d'anonymat absolu. Le dealer de cet antisémitisme pur et dur, érudit, archiviste et ennuyeux, s'appelait Henri Coston. Ancien du "commissariat aux Questions juives", il dénichait à l'intention de tous les "opiomanes" de France des livres indispensables.(...)
Le vieux général était un opiomane d'un autre âge. Un antisémite clandestin, prudent, poli comme il l'avait été toute sa vie. Sa dernière livraison venait d'arriver, il avait eu la délicatesse de dissimuler sa "came" avant notre rendez-vous."
(p. 40-42)
Une anecdote terrible ! Cet extrait est un peu long, mais il confirme le malaise que j'avais ressenti tout au long du livre posthume d'entretiens entre Pierre de B. et Laure Adler...

Au-delà des partis et même des idéologies, c'est bien "Vichy" qui fut - et reste - le mot de passe entre tous ces ex-jeunes gens brillants qui furent enthousiasmés par un maréchalisme qu'ils vécurent comme la réalisation de leurs combats antirépublicains d'avant-guerre.

Cordialement,

René Claude

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