Bonsoir,
J'ai retrouvé dans son "Journal de lectures" la note critique que Pol Vandromme avait écrite à la sortie de "La Grande Guerre", l'un des premiers essais que Pierre Miquel consacra à la guerre de 14 - 18.
En la relisant, je trouve que les mots de l'écrivain de Charleroi s'appliquent aussi aux "Poilus" dont la parution chez Plon et en Pocket est plus récente :
"Nous sommes bien en présence d'une guerre moderne. Le monde nouveau s'éveille, mais le monde ancien n'a pas perdu tout à fait la partie. A la jointure des deux époques, ce qui vient au jour est contredit par ce qui se résigne mal à disparaître. (...) La gauche de Péguy a rejoint mystérieusement la droite de Barrès. Les instituteurs qui firent la république et les saints-cyriens dans la nostalgie du royaume se reconnurent en un commun combat." (...)
"Ce qui aggrava cette barbarie et la rendit monstrueuse, ce fut la découverte de moyens terrifiants de destruction. Pour la première fois, en quatorze, le bellicisme idéologique se conjugua avec le bellicisme scientifique. La guerre totale qui n'était que dans les esprits, descendit sur le terrain. L'âge industriel remplaça l'âge artisanal. Ce fut d'autant plus inexpiable qu'aucun des deux adversaires ne disposait d'éléments de rupture (ce que furent en 40 les chars et l'aviation) et qu'ils étaient condamnés à s'entredéchirer jusqu'à l'épuisement. Verdun, point d'orgue de cette abomination."(...)
"Lire Pierre Miquel, c'est lire les années plénières de notre folie, dans leur détresse sublime et dans leur héroïsme inutile. Voilà comment s'acheva ce qui, au siècle napoléonien, avait alimenté la poésie stendhalienne de l'énergie : en une inexorable guerre civile européenne. Le vieux Bourget, lors du défilé de la victoire, s'exclamait : la catastrophe commence."
Pol Vandromme, "Journal de lectures", Lettera/ L'Age d'Homme. 1991.
Cordialement,
René Claude |