Bonjour,
Dans un autre essai consacré à l'histoire de la colonisation, Marc Ferro expliquait que l'irruption des Blancs dans certaines régions d'Afrique de l'Ouest à la fin du XIXe et au début du XXe siècle a entraîné la destruction de petites sociétés régies par une étiquette très précise.
Il donne l'exemple d'une tribu qui avait pour règle de vie principale de ne jamais travailler en public. Pour ces Africains, le travail n'était pas considéré comme une valeur noble et ne devait être effectué qu'à l'abri des regards, loin des yeux des autres membres de la tribu et surtout d'étrangers. Les tâches étaient effectuées par roulement et ils vivaient ainsi depuis des siècles quand les colons - civils et militaires - sont arrivés... On imagine aisément la réaction de ces Européens imbus de leur sentiments de civilisateurs, parfois en toute sincérité d'ailleurs ! Ils déclarèrent que ces Africains étaient des paresseux et ils les obligèrent à effectuer les travaux obligatoires le jour et à la vue de tous. Une dépression collective s'abattit sur la tribu, les chefs tombèrent malades, certains moururent et une autre micro-société fut ainsi détruite parce que le Blanc n'avait pas cherché à comprendre les particularismes essentiels de l'autre, perçu dès le début comme un ennemi potentiel et un paresseux refusant l'ordre occidental.
Je vais mettre le nez dans cette somme importante coordonnée par Marc Ferro, l'un des historiens pionniers de l'interdisciplinarité pour la recherche sur des sujets aussi importants que la colonisation.
Bien cordialement,
René Claude |