Bonjour,
Oublions quelque peu la Suisse et relatons une anecdote plaisante concernant les réfugiés belges ayant trouvé asile en Angleterre.
Pendant les premiers mois du conflit, des milliers de civils belges fuyant l'invasion, les massacres, les destructions, ... ont cherché refuge en Angleterre. Ils seront environ 150.000 à y séjourner pendant toute la durée de la guerre.
En Angleterre, les membres de la haute société, aristocrates et riches bourgeois, mettent un point d'honneur à accueillir chez eux les plus démunis. Ces réfugiés, d'origine modeste, seront hébergés dans de somptueuses demeures. Ils ne connaissent pas la langue anglaise ni les "bonnes manières". Tout cela peut paraître bien shocking à leurs hôtes qui n'en laissent cependant rien paraître. Les différences de langue et de culture ont parfois des effets cocasses comme en témoigne l'anecdote suivante:
A la sortie des gares, les Anglais de bonne famille invitent chez eux, pour les y installer, des familles qu'ils choisissent dans le lot de réfugiés. C'est ainsi qu'un clergyman prend par le bras un homme coiffé d'une casquette, que suit une jeune femme timide.
Come along, Madam ! Ils résistent un peu puis se laissent entraîner vers un taxi qui les emmènent vers une superbe demeure de la banlieue londonienne.
L'homme et la femme, un peu gênés, souriant à leur protecteur, échangent quelques mots en flamand, la seule langue qu'ils connaissent. Le clergyman mène les deux réfugiés à la chambre qui leur est réservée. Mais ils s'arrêtent sur le seuil et refusent d'entrer. Le maître de la maison croit qu'ils résistent par politesse ou par timidité parce qu'ils trouvent la chambre trop belle pour eux. C'est en vain qu'il essaie de comprendre la femme qui proteste avec vivacité. Que diable peut-elle bien réclamer ? De guerre lasse, le clergyman navré ferme la porte sur ses deux hôtes, après leur avoir souhaité une bonne nuit.
Il se propose d'aller à la recherche d'un interprète. Le lendemain, à la table du breakfast, le pasteur ravi, trouve ses deux Belges souriants et calmés. A la demande du clergyman, l'interprète, un Flamand logé dans le voisinage, interroge ses compatriotes ...
Que voulaient-ils hier soir, et pourquoi tant d'animosité de la part de la jeune femme ?
Celle-ci répond, d'abord un peu gênée, puis souriante. Un rire fou s'empare de l'interprète.
- Que se passe-t-il demande le clergyman intrigué ?
- Tout est bien, répond l'interprète. Maintenant, ils sont très contents. Mais voilà : hier, quand vous les avez accueillis à la gare, ils n'étaient pas ensemble, ils ne s'étaient jamais adressé la parole... Ces deux personnes ne se connaissaient pas.
Bien cordialement,
Francis. |