Il y a quelques années j'ai aussi fait cet exercice de doute
La raison de mon doute était que, vu le nombre de messages Enigma dans le monde, la quantité de messages quotidiens était énorme et quand les alliés intercepteaient des masses et des masses de séries de cinq chiffres, comment pouvaient ils savoir lesquels déchiffrer d'abord.
Et en lisant les mémoires de Paillole et les sources polonaises puis françaises sur le déchiffrage lent d'Enigma qu'il fallait à tous prix accélérer...
Et puis je suis allé, pour voir, à Bletchley Park où les Britanniques ont fait un musée ...
Et je suis allé passer des semaines aux (superbes) National Archives qui se trouvent dans le Maryland et où les anglais ont communiqué des tonnes de "decrypts" qui se trouvent disséminés dans les archives/
Enfin en lisant des pans entiers des sept gros volumes de Hinsley avec les références des messages, le doute n'est plus possible: Bletchley Park déchiffrait bien non seulement les machines Enigma mais aussi les "codes manuels" utilisés parfois. Le seul code que les alliés reconnaissent n'avoir jamais réussi à percer est celui de la Gestapo et il est clair qu'ils n'en sont pas fier.
Mais permettez moi, sans la moindre insolence, de vous féliciter pour ce doute qui est rare et peu populaire chez les historiens (dont je fais partie) des vainqueurs comme des vaincus.
Alors maintenant cette même procédure de doute s'applique à la ligne Viking dont nous savons qu'elle transmettait initialement à Hausamann des informations provenant du Général Oster et de l'Abwehr. Mais la ligne Viking a aussi confirmé par avance le pseudo plan d'Hitler pour l'invasion suisse de 1943 qui était un bluff de Schellenberg. C'est même cette information transmise par Hausamann au Brigadier Masson qui l'a relayée à Guisan, et qui a convaincu ces "Suisses" (pas monoblocs non plus) dont la mémoire semble vous être émotionnellement chère.
Or à ce moment, Canaris venait de déposer, pour le protéger, son ami et confident le Général Oster que la Gestapo voulait arrêter. Schellenberg savait que son bluff avait marché car le Forschungsamt avait mis un grand nombre de lignes en Suisse sur écoutes : voire les microfilms de ses interrogations et le fait que cela n'apparait pas dans le rapport de synthèse final de Harrisson sur les dites interrogations fidèlement retranscrit dans le premier livre de Dorries sur Schellenberg |