après avoir fouillé Hinsley F.H. British intelligence in the second world war Vol 2 © 1984 London - HMSO. P 60 “There is no truth in the much publicised claim that the British authorities made use of the ‘Lucy’ ring, a Soviet espionage organisation which operated from Switzerland, to forward intelligence to Moscow.”
... plus je deviens convaincu qu'il existait bien un réseau Werther, qu'il se situait bien au sein de la Wehrmacht et qu'il était tout simplement consitué par les dirigeants de l'Abwehr sous la tutelle executive du Général Oster. L'implication de leur chef supême au côté des nazis (parfois difficile pour lui à soutenir) permettait à l'Amiral Canaris, nationaliste allemand profondément anti-nazi, d'animer son équipe tout en la protégeant.
Pour moi, si l'on souhaite personaliser un Werther, il est désormais clair qu'il sagissait de l'Amiral Wilhelm Canaris personnage à mi-chemin entre le Lorenzaccio d'Alfred de Musset et le Werther de Goethe. L'atrocité de sa mise à mort par les nazis, semble indiquer que le groupe Himmler/Schellenberg/ Kaltenbrunner partageait cette conviction.
Paul Leverkuhn (de l'Abwehr) a écrit que "Canaris était plus que le chef en titre de l'Abwehr qui était largement sa création et qui, lorsqu'il fut destitué, se déintégra rapidement." De fait l'étude des documents transmis de Suisse par l'Orchestre Rouge montre qu'il ne pouvait s'agir de son bras droit le Général Hans Oster (autre héros). Hans Oster avait été démis de ses fonctions le 5 Avril 1943 par Canaris en raison de son aide à la communauté juive (pour le protéger de Schellenberg et de la Gestapo) mais les documents en provenance de l'Abwehr relayés pour nombre d'entre eux par Bernd Gisevius et par Eduard Wetjen qui avaient un rôle consulaire et auprès des affairs étrangères.
En août 1939, Roessler confia à Xavier Schnieper qu’il avait reçu deux amis provenant d’Allemagne. « Hier deux amis à moi, d’Allemagne… occupant des postes importants (poste semble indiquer la fonction publique ce pourrait être Gisevius et Waetjen même s’ils n’ont pas besoin de contact (en tous cas avec l’Ouest: ils peuvent aller voir Dulles directement.) Joseph Müller est un avocat indépendant et a un accès direct au Vatican(Leiber) donc probablement pas lui. Carl Langbehn ou Hans Dohnanyi mais il est aussi avocat indépendant ? Ils sont importants mais ceux qu’ils représentent sont encore plus importants). Ils ont été envoyés par un groupe d’amis très haut placés (Beck, Goerdeler, Popitz, Canaris, Oster and co), qui pensent de la même manière que moi, politiquement et idéologiquement, tous des gens de droite, venant de cercles conservateurs. Ils m’ont dit : « Nous vous tiendrons informé de tout ce qui arrivera d’important, et nous vous donnerons des détails. Pourquoi viennent ils le voir lui ? Il est allemand, de droite et conservateur anti nazi ! Vous êtes l’incarnation vivante de notre conscience (cela se réfère à une assimilation culturelle : donc le fait d’être allemand est bien essentiel). Distribuez nos informations comme cela vous semblera le mieux pour l’avenir de l’Allemagne. Or les renseignements qui l’intéressent sont purement militaires. Donc peut être Gisevius, mais alors qui est l’autre : peu probable que ce soit Oster lui-même quoique pas impossible, mais plutôt Waetjen. Naturellement il est peu probable que le canal d'information soit toujours resté le même (même si les valises diplomatiques étaient bien pratiques) et la ligne Viking joua bien un rôle avant que Schellenberg ne la fasse rentrer dans son Funkelspiel pour désinformer le Brigadier Roger Masson et le Général Henri Guisan....

Je regrette de ne pouvoir partager l'opinion de ceux qui voudraient que la Suisse n'ait pas réotractivement été "non neutre". La neutralité ne consiste pas à ne pas parler aux méchants mais au contraire à bénéficier du droit de certains à parler avec eux, à d'autres à parler à de moins méchants et à d'autres enfin de parler à ceux que l'histoire confirmera avoir été les gentils.
Ce n'est pas faire insulte à la neutralité Suisse que de désigner qui y faisait quoi pendant la guerre et le rôle d'un historien honnête n'est pas de peindre la suisse en "plus blanc" (comme disait Coluche) mais simplement de dire ce qui fut. Ce n'est embarrassant que pour ceux qui voudraient associer plus la Suisse aux Pilet-Goolaz, Guizan ou Masson qu'aux Hausamann...