Pour bien analyser la question de ces juifs parisiens que l'on n'arrête pas, il faut avoir à l'esprit un certain nombre de données. Sur les 73853 déportés juifs recensés par Klarsfeld dans les convois partant de France, 41000 environ l'ont été en 1942 et 33000 l'ont été en 1943 et 1944. Je joins un graphique sur déportations mois par mois.
Entre la période de la fin 1942 où la politique de déportation s'appuie massivement sur la collaboration de la police française et celle de la fin de l'occupation où la police française n'y participe pratiquement plus du tout, il y a une rupture que l'on peut situer fin août 1943 avec les évènements suivants:
- juin 1943 arrivée à Paris d'Alois Brunner, capitaine SS intégré à la SIPO-SD pour les affaires juives
- 7 août 1943 Laval annonce à Hagen, adjoint de Oberg que la loi sur la dénaturalisation ne sera pas adoptée.
- 10 septembre arrivée de Brunner et de son équipe à Nice.
- 31 décembre 43 démission de Bousquet
Concernant Paris, cette rupture se lit dans les chiffres: jusqu'en août 1943, 61% des déportés juifs viennent de Paris; à partir de septembre 1943, ce pourcentage tombe à 30% (Alain Michel, Vichy et la Shoah, p.300)
Autre point important: à partir du début de l'été 1942, la MBF ne prend aucune part à l'application de la soution finale (Gael Eismann, Hotel Majectic)
Fin mars 1942, Röthke, chef du service des affaires juives à la Gestapo et Aloïs Brunner convoquent à Paris les responsables des différents commandos de la Gestapo SS pour relancer la chasse aux juifs dans toute la France.
Emmanuel |