Je n'ai pas tout dit - Page 40
"Contrairement à celle du Rainbow Warrior, la mission s'est déroulée comme sur des roulettes, sans dégâts. Je suis arrivé au Caire par avion avec dans mes bagages du plastic. Pour l'occasion, je disposais d'un passeport diplomatique. C'était donc sans risques. J'ai passé la douane comme une lettre à la poste. Sur place, nous avons reçu l'aide précieuse du père jésuite de Lumley, une vieille connaissance dont je vous ai déjà parlé : c'était notre aumônier à l'école de Saint-Maixent, celui qui m'avait fait passer dans la Résistance. Il était toujours de la Maison. Après avoir fait partie du BCRA, il avait dirigé une école en Égypte. Tous les quatre, donc, nous avons minuté l'intervention et, par une belle nuit d'été, mes deux gars ont collé des pains de plastic le long de la coque. Le bateau s'est enfoncé dans les eaux du port avec toute sa cargaison, devenue irrécupérable. Dans le même ordre d'idée, en tant que patron du service 29, j'ai monté plusieurs opérations dites « Homo », c'est-à-dire « homicides », en Suisse. Il s'agissait toujours d'éliminer des marchands d'armes. C'étaient pour la plupart de petits trafiquants qui essayaient de se placer sur le marché de l'approvisionnement de la rébellion algérienne. Il fallait les éliminer avant qu'ils ne deviennent trop importants. Nous remontions les filières qui venaient généralement des pays de l'Est, principalement de Prague, où nous avions de solides agents qui nous mettaient au parfum. Genève était une plaque tournante du trafic et, malheureusement pour nos ..."
Pour la France: Services spéciaux 1942-1954 - Page 35
"d'infanterie d'Aix-en-Provence, mon capitaine avait commencé à se plaindre. Il attendait, en effet, l'inspection du général Welverd qui commandait la 3e division et j'avais été chargé, en qualité de doyen des aspirants, de préparer la réception. C'est pourquoi on m'avait accordé - sur ma demande - un délai pour rejoindre l'école, ce qui me permit d'échapper à la prestation de serment. À aucun moment, Lumley ne nous avait demandé si nous étions d'accord pour rejoindre le BCRA. Notre attitude lui laissait sans doute supposer que la question était superflue. Le train me conduisit en Gironde où je devais rejoindre mon frère et ma grand-mère. Ils se trouvaient à Bourgueil, tout près de l'ancienne ligne de démarcation, dans la zone que -jusqu'au 11 novembre 1942 - on disait libre. Je ne voulais pas rentrer à Bordeaux car je m'étais promis de ne le faire qu'en uniforme, ce qui me paraissait inconvenant tant que la ville serait occupée. Grâce à mon pécule, nous avons fait, mon frère et moi, une virée chez mes cousins du Gers et du Tarn, pour..." |