D'un point de vue polonais, tous les textes communistes de cette époque sont proches de l'abjection. Alors que le Parti communiste français touche le fond dans un pays qui lui-même touche le fond, sa seule bonne étoile est l'URSS, et tous ses tracts sont autant d'hymnes à ce paradis des travailleurs. Au même moment, les soviétiques déportent des dizaines de milliers de polonais vers le Goulag, en massacrent plus de vingt mille à Katyn.
Si la Pologne n'est pas citée dans le tract du 17 juin, voilà comment elle est évoquée dans la Brochure « Union du peuple pour libérer la France » diffusée dans le Bordelais à partir de la fin du mois de juillet 1940:
« La « garantie » de la Pologne n'a été dans ce but que le prétexte au déclenchement de la guerre. C'est pourquoi la Pologne n'a pas été défendue, les 200 familles espérant que sa conquête entrainerait Hitler à la guerre contre l'URSS dont il atteindrait les frontières ukrainiennes ...
Les 200 familles ne voulaient pas de la paix pour la France, mais elles ne voulaient pas d'hostilité contre l'Allemagne tant que l'Union Soviétique n'aurait pas été entrainée dans la guerre.
C'est pourquoi ils n'attaquèrent pas Hitler quand celui-ci était en situation périlleuse en Pologne ! Au contraire, le laissant tranquillement accroitre ses armements, la bourgeoisie française dépensa ses efforts guerriers au ravitaillement en avions du fasciste Mannerheim en Finlande ... »
Autrement dit, il fut criminel de ne pas intervenir pour l'Espagne ou la Tchécoslovaquie, mais il fut autant criminel d'intervenir pour la Pologne.
Emmanuel |