Elle est très simple, et se trouve dans l'article sur Torch paru dans une Webrevue éminente ;-)
Le plan de Torch souffre de plusieurs contraintes :
- limites des moyens de transports, de débarquement et de couverture aérienne depuis la mer (en réduisant la taille des Task force, les planificateurs parviennent déjà à en avoir 3 au lieu des 2 initiales)
- inconnue des réactions française et espagnoles ;
- inconnue des capacités des troupes US.
face à ces inconnues, et à la nécessité de ne pas échouer, Ike "assure" et "bétonne" son plan. Ce qui compte, c'est le contrôle de la façade Atlantique, vitale pour le ravitaillement.
Ensuite, il faut que les forces puissent se soutenir mutuellement, donc, avec 3 TF, impossible de couvrir le Maroc occidental et la Tunisie en même temps.
Enfin, le plan prévoit une avance immédiate sur la Tunisie, à l'aide d'une brigade de paras britannique, réserve générale, disponible à Gibraltar.
Sauf que l'option est simple :
- soit les Français résiste, et les paras sautent sur les aérodromes nécessaires à assurer les points de débarquement ;
- soit les Français ne résiste pas et elle saute sur El Aouina.
Le choix entre les deux options est donc le fait de recevoir ou non des tirs des premiers français rencontrés. Compte tenus des délais d'exécution, une fois une des options activées, il n'est plus possible d'en changer.
Dès que la résistance française apparaît, même si elle restera limitée dans le temps et les moyens, c'est l'option 2 qui est activée, et la Tunisie est laissée de côté.
Pour autant, les Alliés ne pouvaient imaginer que les troupes qui les combattent avec vigueur resteraient l'arme au pied face aux quelques compagnies de Fallschirmjägers qui arrivent à partir du 9 novembre à El Aouina !
Donc toute la responsabilité de l'absence de prise de la Tunisie pèse sur les vichystes qui résistèrent face aux Alliés mais pas face aux Allemands.
Pour conclure, il est facile 70 ans après de dire "il aurait fallu faire ci ou ça", mais dans le contexte de l'époque, le plan de Torch est cohérent.
La Tunisie n'est d'ailleurs pas une si mauvaise affaire pour les Alliés :
- aguerrissement de leurs forces ;
- pertes lourdes de l'Axe (les pertes sont équivalentes à celles de Stalingrad, et supérieures pour l'Aviation) ;
- absence d'impact (l'attaque de la Sicile ne subira aucun retard du fait de la résistance de la tête de pont Tunisienne, contrairement aux espoirs de berlin).
Enfin, la citation d'Eisenhower est un constat fait à l'occasion d'une opération très particulière (le désastre des blindés US à Medjez el Bab début décembre 42)
Rien à voir avec une appréciation de l'ensemble de la campagne tunisienne, ni sur le plan Torch.
CM |