Interview de l'auteur - Les expulsés - forum "Livres de guerre"
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La description du livre

Les expulsés / Raymond Douglas

 

Interview de l'auteur de Daniel Laurent le samedi 15 juin 2013 à 08h52

L’interview
L’auteur a eu l’amabilité de bien vouloir répondre à nos questions :

Daniel Laurent : Qu’est-ce qui vous a mis sur les traces de ces tristes événements ?
R.M. Douglas : Quand j'ai commencé à enseigner l'histoire moderne de l'Europe à la Colgate University dans les années 90, je suis devenu très conscient de l'absence de tout récit fiable et méthodique concernant la transformation extraordinaire qui s'est produite en Europe centrale immédiatement après la seconde guerre mondiale.
Ce qui avait été des communautés démographiquement mélangées et culturellement variées a été converti en une seule décennie en monolithes ethniques - une chose dans laquelle les Nazis portaient une grande responsabilité, mais pas la totalité. Depuis plusieurs années, j'espérais que quelqu'un d'autre écrirait un livre de ce genre que je pourrais recommander à mes étudiants. Personne ne l'a fait. Lorsque la présidente de mon université m'a entendu m’en plaindre un peu trop souvent, elle a perdu patience et insisté pour que je me mette à la tâche. Tout cela s'est produit il y a dix ans... et le résultat est entièrement de sa faute !

DL : Savez-vous pourquoi ce drame, pourtant bien connu par les victimes, leurs descendants et les « expulseurs », n’a jamais à ma connaissance fait l’objet d’une étude historique approfondie avant la votre ?
RMD : À mon avis, il aurait été difficile de raconter l'histoire des expulsions jusqu'à tout récemment. Pour cela, il faut inclure tous les points de vue, non seulement ceux des expulsés, mais aussi ceux des grandes puissances, des pays d'origine de ces minorités germaniques et des témoins neutres, comme le personnel du Comité international de la Croix-Rouge. De nombreuses sources documentaires essentielles n'étaient pas disponibles aux chercheurs jusqu'à l'effondrement du bloc communiste et, de fait, un bon nombre reste encore inaccessible.
Il est également vrai que toute cette question demeure un sujet brûlant, non seulement dans les pays directement touchés, mais partout dans le monde occidental. Pour des raisons tout à fait compréhensibles, beaucoup de gens ont des difficultés à voir les Allemands de cette époque autrement que comme des coupables. Incontestablement, il est important que l'histoire des expulsions ne soit pas utilisée pour dissimuler ou relativiser les crimes commis par les Nazis pendant la guerre, beaucoup plus graves, dans lesquels les Allemands ont reconnu leur responsabilité. Mais, comme l'historien britannique Antony Beevor l’a dit avec justesse, il est également nécessaire de reconnaître les personnes de cette époque « en tant qu'individus, non pas comme des gens anonymes dans des catégories caricaturales, parce que ce genre de déshumanisation était précisément ce que les criminels ont cherché à atteindre ».

DL : Vous vous êtes déplacé en Allemagne pour le lancement de la version allemande du livre. Quel type d’accueil y avez-vous reçu ?
RMD : Un peu à ma surprise, la réception en Allemagne a été extrêmement positive dans tout le spectre politique. Pour un public allemand, beaucoup de passages dans ce livre sont pénibles à lire, en particulier ceux qui attirent l'attention sur les actes horribles de massacre et de nettoyage ethnique perpétrés par les Allemands contre les peuples voisins et les horreurs, bien pires, qui auraient eu lieu si l'Allemagne avait gagné la guerre. Néanmoins, les historiens professionnels, ainsi que les lecteurs ordinaires, semblent avoir apprécié ce que le livre a essayé de faire : raconter l'histoire complète des expulsions aussi précisément et objectivement que possible. On a l'impression que les jeunes Allemands, en particulier, sont fatigués des échanges polémiques, des appels à l'émotion et de la diffusion sélective des faits qui, si souvent, ont pris la place d'un véritable débat sur cette question.

DL : Certains utilisent ce genre d’événements pour tenter de montrer que les Alliés étaient tout autant criminels que les nazis. Cela ne vous gêne pas d’être ainsi « utilisé » ?
RMD : Paradoxalement, c'est parmi les néo-nazis, les négationnistes de la Shoah et autres personnes de ce genre que mon livre a provoqué la plus grande indignation.
La réticence des historiens professionnels d'aborder ce sujet leur convenait merveilleusement, car il leur permettait soit de fabriquer leurs propres fictions - par exemple, l’affirmation que l'opération aurait fait jusqu'à six millions de morts (le choix de ce chiffre n'est pas, je pense, une coïncidence) - ou de prétendre qu'une sorte de conspiration du silence couvrait l’affaire. Quand j'ai écrit que ceux qui tentent d'assimiler les expulsions d'après-guerre à la barbarie des Nazis « ignorent l'histoire et offensent la mémoire des victimes » des Allemands et quand je démontrais en détail pourquoi il en était ainsi, ces gens ont réagi avec un grand mécontentement. Ces derniers mois, les journaux extrémistes ont condamné mon livre comme l'œuvre d'un « historien kascher », un « crypto-Juif » et autres commentaires, amusants mais bizarres, de caractère analogue.

DL : Et la suite ? Sur quels travaux êtes vous engagé en ce moment ?
RMD : Nous savons que pour le peuple allemand, le 8 mai 1945 n'était pas le Stunde Null que l'on croyait. Mais la même chose est vraie pour les vainqueurs aussi. Presque soixante-dix ans plus tard, un nombre extraordinaire des problèmes que la Seconde Guerre mondiale nous a légué - juridiques, éthiques, environnementaux, ethniques - restent en suspens. Mon prochain livre examinera certains d'entre eux, et essayera d'expliquer pourquoi ils ont persisté pendant si longtemps. Son titre de travail est Encore des affaires à régler.

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