Epuration, Pétain, Armistice selon Raymond Aron - Raymond Aron - Le spectateur engagé - forum "Livres de guerre"
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Edition du 27 mai 2013 à 09h51

Raymond Aron - Le spectateur engagé / entretiens avec J-L.Missika et D.Wolton

En réponse à
-1Les diverses rééditions de Francis Deleu

Epuration, Pétain, Armistice selon Raymond Aron de Emmanuel de Chambost le lundi 27 mai 2013 à 01h06

Selon ses mémoires, p.204, En 1945, Aron écrivit deux textes sur l'épuration, l'un à propos du procés Pétain dans les Temps modernes, l'autre dans une « Note finale », en conclusion aux « Chroniques de France » publiées dans la France libre. Je reproduis Aron :

« Les quelques pages sur le procès Pétain anticipaient sur les polémiques qui jalonnèrent les années d'après-guerre et qui se prolongent encore. Première thèse : le procès et, du même coup, l'épuration relevaient d'une « justice révolutionnaire », non d'une justice au sens ordinaire. « Le gouvernement provisoire, sorti d'une insurrection et non d'un vote populaire, accusait celui qui avait reçu le pouvoir constituant donc suprême, des derniers représentants élus du peuple français.» Et un peu plus loin : « Parler d'intelligence avec l'ennemi dans le cas d'un chef d'État alors que le territoire national est occupé se ramène à une pure fiction juridique. » Deuxième thèse : ou bien l'accusation dénonçait la politique de Vichy comme condamnable en tant que telle, incompatible avec l'honneur, ou bien elle la dénonçait comme contraire à l'intérêt national. Elle choisit le deuxième terme de l'alternative et la défense fi valoir les efforts de l'accusé - du Maréchal - pour protéger les Français. Qui, à moins d'aberration, aurait jamais soupçonné le Maréchal d( s'être mis au service des nazis pour accabler son peuple?

Troisième thèse : bien que l'armistice ne fût pas retenu en tant que chef d'accusation par le réquisitoire, il tint une grande place dans les dépositions des témoins. Certains d'entre eux tentèrent de démontrer 1a thèse du complot qui aurait amené le Maréchal au pouvoir à l'occasion de la défaite. Ils apportèrent tout au plus de vagues présomptions. Devant un vieillard silencieux, « syndic plutôt que responsable de la défaite », les hommes politiques de la IIIe République prononcèrent sans convaincre des plaidoyers pro domo.

Quatrième thèse : les arguments pour et contre l'armistice se laissent plaider en 1945 comme en 1940. Une capitulation militaire condamnait l'armée entière à la captivité; l'Afrique du Nord, presque sans matériel possédait-elle les moyens de se défendre? Dans le sens contraire, on faisait valoir la contribution qu'auraient apportée à la lutte la flotte, l'aviation, l'Empire. J'avançai l'argument le plus souvent oublié aujourd'hui encore : « On ne saura jamais si les Allemands auraient attaqué l'Afrique du Nord (où le gouvernement français se serait replié) en passant par l'Espagne. On ne saura jamais si, en ce cas, nous aurions « tenu ». Mais à supposer que nous ayons tenu, il est hautement improbable que Hitler eût attaqué la Russie au printemps de 1941 en laissant les forces franco-anglaises maîtresses de la Méditerranée. Dans la mesure où l'armistice précipita indirectement l'intervention de l'Armée rouge, il servit la cause alliée. » Et je risquai la formule : « La décision de l'armistice paraît rétrospectivement justifiable, sur le plan des faits, parce que les choses ont bien tourné. » Non sans compléter par cette autre : « .., ni le prestige ni l'unité morale de la France ne sont entièrement remis du coup que leur porta l'armistice ».

Cinquième thèse : en ce qui concerne les Juifs, les avocats du Maréchal invoquaient le moindre mal. « Il est certain que la zone inoccupée a offert un abri à e nombreux Israélites ... Sans l'armistice, les Juifs auraient probablement souffert davantage. Mais qui osera dire que tels aient été les objectifs de Xavier Vallat, de Charles Maurras ou de Darquier de Pellepoix ? » A nouveau, on bute sur l'équivoque des intentions et des conséquences.
Sixième thèse : la date cruciale se situe en novembre 1942. Si le Maréchal avait gagné Alger en 1942, il ramenait à la France, c'est-à-dire à la Résistance, les bons Français égarés par son prestige. resté en France, multipliant les messages contre les dissidents et les résistants, il empêchait le rassemblement de la nation. Il ne trompait plus guère les Allemands, mais il continuait de tromper nombre de Français.


Plus en détail, dans « La Note finale », de l'Armistice à l'insurrection nationale » ... Après l'Armistice, inévitable ou criminel, il fallait avant tout sauver la Flotte et l'Empire ; des patriotes devaient légitimement rester en poste afin de freiner la collaboration et de favoriser la rentrée de la France dans la guerre. Sur ceux qui firent preuve d'un zèle particulier entre 1940 et novembre 1942 en faveur de la collaboration pèse une présomption de culpabilité, non sur ceux qui obéirent à un gouvernement qui conservait les attributs visibles de la légalité.» »

Soixante années plus tard, le débat se pose toujours à peu près dans les mêmes termes.

Emmanuel

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