Apparition pascale - Site personnel de F. Delpla, Historien 1939-45 - forum "Livres de guerre"
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La description du livre

Site personnel de F. Delpla, Historien 1939-45 / François Delpla

 

Apparition pascale de françois delpla le dimanche 31 mars 2013 à 17h28

Lettre d’information du site de François Delpla

n° 92

31 mars 2013



Nazisme : des débats sur Dunkerque, Hess, Canaris...


Chers lecteurs,


Mon mémoire d'auto-histoire intitulé « L'individu dans l'histoire du nazisme / Variations sur l'arbre et la forêt », soutenu à Brest il y a bientôt un an pour l'obtention d'une habilitation, devant un jury composé d'Edouard Husson, président, Robert Frank, Fabrice Bouthillon, Christian Bougeard, Claude d'Abzac Epezy et Ronan Calvez, n'a point encore trouvé d'éditeur « papier » (il faut dire que je n'en ai point très activement cherché, étant donné sa brièveté ; cela viendra en son temps, avec le renfort d'un ou deux articles) ; en revanche, il connaît aujourd'hui même sa deuxième édition en ligne, dans l'Histoquiz de Pierre Chaput , après celle, immédiate, du magazine Dernière guerre mondiale dirigé par Daniel Laurent . L'édition de Chaput pourra même servir de friandise en ce week-end pascal, puisqu'elle est téléchargeable... sur tablette.
On trouvera en dernière page le film de Daniel Costelle et Isabelle Clarke sur Eva Braun auquel j'ai collaboré comme conseiller historique... et en bas de l'écran toutes les fonctions possibles, à utiliser sans modération : zoom, dézoom, impression de tout ou partie des pages, partage avec les réseaux sociaux, mail, son, vignettes, auto-défilement, recherche de mots, plein écran...

Ainsi va l'irruption lente et chaotique, sur le web francophone, de nos débats d'historiens. Il faut à cet égard signaler et saluer le blog récemment ouvert et néanmoins actif de l'historien israélien Alain Michel, qui accueille les controverses suscitées par son livre anti-paxtonien Vichy et la Shoah . De même, François Kersaudy, depuis l'an dernier, n'hésite pas à croiser le fer sur le site de vente et de commentaires de livres Amazon.fr , comme sur Passion-Histoire
. On peut donc saluer un progrès depuis la critique au vitriol par Florent Brayard du livre d'Edouard Husson, la calme réponse de l'intéressé sur le site La vie des idées , et le refus de ce dernier de publier ma mise au point jugée « agressive » .

A ce propos, j'ai mis en ligne une recension du dernier opus de Kersaudy, Les Secrets du Troisième Reich, en contestant plus particulièrement ses visions à mon gré trop classiques de Rudolf Hess et de l'amiral Canaris .

Je rappelle que, sur la profondeur et la chronologie de l'antinazisme de Canaris, le livre pionnier d'un jeune historien, Eric Kerjean, avait fait l'objet en 2012, de la part de certains, d'un traitement dont la malveillance n'avait d'égale que le soin mis à concentrer le propos sur des aspects inessentiels pour n'avoir pas à se mesurer à la thèse principale . Tout bien considéré, le principal argument de ceux qui s'obstinent à voir dans le patron des services secrets militaires allemands (l'Abwehr) entre 1935 et 1944 un antinazi de longue date voire éternel, c'est la fin : son exécution par pendaison à Flossenburg le 9 avril 1945. Bel exemple d'histoire finaliste ! Belle démonstration d'essentialisme et de manichéisme : d'une pratique (ô combien répandue de nos jours) consistant à classer les gens et les choses une fois pour toutes d'une façon binaire. Bel échantillon, surtout, d'un refus de pénétrer la logique du nazisme.

Hitler est, du début à la fin de son action politique, un preneur d'otages amoral, pour qui la vie humaine n'a de valeur qu'autant qu'elle sert ses buts. La décision de laisser vivre les gens qui sont en son pouvoir oud'abréger leur existence dépend entièrement de l'utilité qu'il attribue à leur maintien en vie ou à leur décès, au moment considéré. Il n'y a donc aucune contradiction entre le fait que le dictateur, devenu commandant en chef de l'armée allemande au début de 1938, ait encouragé son chef des services secrets à pénétrer les mouvements de résistance en se présentant comme acquis à leur cause puis, en temps de guerre, à se faire passer pour un opposant auprès de certains émissaires de l'ennemi, et le fait que Hitler ne veuille pas laisser derrière lui cet homme de talent partageant bien des secrets du régime, au moment où il prépare sa propre sortie. Raisonner autrement, c'est en faire un être moral, qui se laisserait inhiber par la reconnaissance des services rendus.

Hitler remporte dans sa carrière deux succès énormes, inattendus et paradoxaux, qui ouvrent une large carrière à ses entreprises : LA PRISE DU POUVOIR du 30 janvier 1933 (sur laquelle porte mon dernier livre en montrant qu'elle devait peu au hasard, et beaucoup au fait qu'il avait contraint ses rivaux à lui abandonner la chancellerie ; un anniversaire toujours aussi peu commémoré en cette année 2013, sinon en Allemagne, ce qui est un symptôme inquiétant sur l'état du monde), et LA VICTOIRE SUR LA FRANCE. Dans celle-ci, Canaris a joué un rôle de premier plan, en laissant le colonel Oster -un véritable opposant, lui- prévenir l'ennemi d'une prochaine offensive vers la Belgique, en sorte que Français et Britanniques s'y précipitent sur l'heure tête baissée pour s'y faire bientôt encercler, sans avoir pris le temps ni d'analyser les mouvements de l'ennemi, ni de soupçonner le moindre piège.

Il est plus que temps de rompre avec la vision, encore largement dominante, d'un Troisième Reich divisé en factions mortellement rivales qui feraient de la surenchère « en direction du Führer ». Non seulement le chef, nullement paresseux, avait l'œil à tout (du moins à tout ce qui comptait à ses yeux : il n'est pas question d'en faire un surhomme), mais il s'était donné des instruments d'intervention rapide dans tous les secteurs de son appareil d'Etat.

Chez Perrin toujours, je rappelle la parution du livre très novateur de Berlière et Le Goarant (toujours pas chroniqué en rubrique « Lu », mais cela ne saurait plus tarder) Liaisons dangereuses - Miliciens, truands, résistants-, qui porte notamment sur l'assassinat de Georges Mandel et rejoint mon diagnostic de 2008 dans le premier livre sur ce meurtre : un crime point du tout milicien, mais allemand et même, plus que probablement, hitlérien; largement motivé par la « race » de la victime, il est donc désormais à inscrire dans la Shoah.

A ce propos, un autre livre vient de paraître, dans lequel ma contribution est ténue : La loi peut-elle dire l'histoire ?, aux éditions Bruylant . Il s'agit des actes d'une journée d'études tenue en 2009 à la Maison des avocats de Paris, avec des contributions, notamment, de Pierre Nora, Georges Kiejman et Bertrand Favreau ; c'est la rencontre de ce dernier, biographe de Mandel, lors de mon enquête sur son assassinat, qui m'avait valu cette invitation. Je fais montre ici de ma pugnacité coutumière contre la loi Gayssot et ses inconvénients très supérieurs à ses avantages, comme le montre l'inflation actuelle des revendications communautaires sur le mode : « pourquoi eux et pas nous ? ».

Parmi les nouveautés du site, on trouvera aussi :

-une bibliographie sur Hitler, arrêtée en 1999 ;

-un article de Marc-André Charguéraud sur les vains appels au secours de diverses communautés juives ;

-un ajout à l'analyse du livre Miracle à Dunkerque de Jean Vanwelkenhuyzen ;

-à propos de l'arrêt devant Dunkerque encore, une clarification sur les allées et venues d'un pèlerin de la paix nazie en mai 1940, le consul suédois en France, Raoul Nordling : .

-de nouvelles « perles contre l'histoire » ;




Bonnes et heureuses Pâques et lectures !


Fdelpla

PS.- Si le message s'affiche mal : .

PS 2.- Après la victoire de David Mediapart contre Goliath Cahuzac et l'establishment qui l'a protégé au-delà du raisonnable, il vaut peut-être la peine de relire l'éditorial de décembre, qui tirait de cette extravagance quelques leçons pour les historiens :

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