patrice morlat nous décrit ici la
surveillance dont fut l'objet un certain nguyen ai quoc
"en effet, apres l'intervention de nguyen ai quoc au congres de tours,le bureau des affaires politiques commenca a s'intéressé a lui. Il s'avait que nguyen ai quoc n'etait pas son vrai nom et que cela signifiait "nguyen le patriote" les inspecteurs et les indicateurs se
mirent a l'ouvrage. Il fut convoque a la prefecture de police, photographie et interroge. Il persista a declarer qu'il s'appelait nguyen ai quoc. Le service ne fut pas dupe. Alors, qu'il pouvait il etre ? Un rapport sur son compte le designait comme pouvant etre nguyen tat thanh, un agitateur tres dangereux qui se trouvait en annam en 1908 et qui etait parti ensuite pour londres. Mais le seul element fiable que l'on possedait datait de juillet 1919 : a cette date, le gouvernement general avait signale qu'un libelle tendancieux intitule "revendications du peuple annamite" avait ete envoye a des journaux de paris par un certain nguyen ai quoc. Les services de controle coloniaux firent des copies de ses articles, de son livre, et joignirent le tout a son dossier. il fut, a partir de 1920, entoure d'agents du ministere des colonies. Il semble, d'apres les notes des informateurs, que ce fut un agent du service qui le mit en contact
avec phan chu trinh. Tous ses faits et gestes furent epies. Et l'on cherchait
toujours a percer sa veritable dentite. L'agent "jean" demanda, pour nguyen ai
quoc, une patente afin qu'il puisse ouvrir un commerce, ce qui permettait a
l'indicateur de le rencontrer souvent. Il lui fit rediger le texte d'une reclame commerciale en chinois, afin de se procurer un specimen de son ecriture. Le controleur arnoux suivait personnellement l'affaire.
Nguyen ai quoc, se rendant compte des filatures dont il etait l'objet, prit ses precautions, ce qui,par contrecoup, obligea le service de controle des indochinois a developper tout un travail de surveillance en reseau.
Apres le congres de tours, en 1921, le parti communiste francais nouvellement cree instaura, pour satisfaire a la huitieme de 21 conditions requises par le komintern, une commission speciale qui prit le titre de "comite d'etude coloniale". Elle s'installa au 120 de la rue lafayette, dans les bureaux du parti. Renforcee par l'"union intercoloniale" en juillet 1921, elle allait devenir la cible principale du service de controle des indochinois...
...le service qui controlait les
coloniaux affilies a cette association (l'union intercoloniale) se mua donc,
inevitablement, en un organe de surveillance politique desormais, etroitement relie aux gouvernements generaux aux colonies, organe qui prit le nom "controle et assistance des indigenes" (CAI) en 1923...
...le rapport de 'agent "desire" du 15 juin 1923 fut le dernier qu'il redigea sur nguyen ai quoc. En effet, ce dernier partit se promener ce matin la, sans aucun bagage.son courrier
continuant d'arriver a la meme adresse "desire" ne s'inquieta pas. mais au bout de plusieurs jours il fallut se rendre a l'evidence : nguyen ai quoc lui avait fausse compagnie.la disparition de ce dernier depersonnalisa la surveillance..."
Dans son ouvrage pierre brocheux ne parle pas de cette episode dans son ivre sur ho chi minh...
cordialement
laurent