Pas de grève pour l'histoire, pas de jaunes pour Canaris ! - Site personnel de F. Delpla, Historien 1939-45 - forum "Livres de guerre"
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Edition du 17 mai 2012 à 15h29

Site personnel de F. Delpla, Historien 1939-45 / François Delpla

 

Pas de grève pour l'histoire, pas de jaunes pour Canaris ! de françois delpla le jeudi 17 mai 2012 à 13h25

Lettre d'information du site de François Delpla

n° 85




Chers abonnés,


Si après l'élection présidentielle nous espérons chacun à sa manière, et avec des degrés de foi variables, que la France et l'Europe fassent vraiment peau neuve, nous avons tous besoin pour y aider, plus que jamais, de mieux appréhender l'histoire de ce nazisme et de cette Seconde Guerre mondiale qui s'invitent plus que jamais dans les débats.

Mon site, qui va prochainement connaître lui-même des réformes bien réelles dans sa présentation, s'est depuis la dernière livraison de cette lettre enrichi de l'article annoncé dans le n° 84 sur le monde façonné (en partie) par Hitler : .


Si les controverses (dont je vous entretenais la dernière fois) sur les livres de Florent Brayard et d'Alain Michel suivent leur cours, le débat le plus intéressant et le plus fondamental a certainement trait au livre d'Eric Kerjean sur l'amiral Canaris. La plupart des critiques ont bien vu qu'il s'agissait d'une révolution copernicienne dans l'appréhension du nazisme... et beaucoup étalent leur scepticisme avec des mines qui vont du sourire agnostique à l'imprécation inquisitoriale. On trouvera tous les liens adéquats ici : .

Le procès en manque de preuves se retourne immédiatement contre ses auteurs : quelles preuves tangibles ont-ils, eux, pour étayer l'idée que Canaris était un antinazi précoce et déterminé ? Les bribes d'information qui ont fait penser cela pendant soixante ans apparaissent, à la lumière de cette première recherche scientifique, comme des lumignons discontinus, propres à guider vers les plus dangereux récifs tout capitaine qui les prendrait pour des phares. Des témoins de Nuremberg chargeant les accusés ou faisant parler des morts pour se disculper comme Erwin Lahousen, des agents ou publicistes anglais désireux de faire oublier une longue période de cécité sur les nuisances de la croix gammée comme Ian Colvin, des gouvernements repeignant la façade pendant la guerre froide comme l'Espagne franquiste... toute une nébuleuse a construit le mythe d'un Canaris opposé à Hitler dans une absence totale, sinon de preuves, du moins d'un cadre conceptuel permettant de rendre compte de ses soi-disant trahisons et d'en faire des actes de résistance dûment démontrés. Au reste cette construction, au fur et à mesure qu'elle s'élevait, faisait grandir une interrogation, ou aurait dû le faire : comment un pouvoir aussi divisé aurait-il pu dominer l'Europe et faire trembler le monde ?

Au bout du questionnement et tout bien (enfin) considéré, apparaît pour la première fois une affirmation qui tient debout : Hitler, sans se faire repérer, tirait les ficelles. Corollairement, l'amitié relativement bien connue de Heydrich et de Canaris pendant les années vingt n'avait point fait place, quand chacun avait possédé un pouvoir redoutable, à une rivalité d'appareils, mais à une subtile répartition des rôles et des tâches, favorisée par un voisinage des domiciles qu'on connut seulement en 1976 par les mémoires de la veuve Heydrich, et que les spécialistes tardèrent à intégrer dans leurs analyses.

Ce qui est à revoir, c'est le concept même de résistance à Hitler. Un tel paranoïaque savait bien qu'il risquait d'en susciter une, et prenait au maximum les devants pour contrôler ses diverses catégories d'opposants... alors que l'histoire a cru trop facilement et trop longtemps que la terreur et le camp de concentration pourvoyaient à tout.

Le tome 2 de "La France continue", cette uchronie, pionnière en milieu francophone, issue de la Toile et animée par Jacques Sapir, Loïc Mahé et Frank Stora, me semble précisément pâtir (soit dit pour tempérer tous les compliments qu'il mérite) d'une réflexion insuffisante sur Hitler et ses affres lorsqu'il se résout à lancer la guerre sur deux fronts : . Je saisis cette occasion de rappeler que mon récent "Churchill et Hitler" renouvelle l'étude de l'année qui sépare les deux 22 juin (1941 et 1942) et projette notamment sur le vol de Rudolf Hess des lumières jaillissant d'une réflexion sur la folie hitlérienne. Ce débat a connu quelques développements nouveaux, qu'on trouvera ici : . Quant à la folie elle-même, elle fait l'objet de réflexions inspirées de quelques lignes de Michel Foucault : .

Last but not least, le décès de Raymond Aubrac au terme d'une vie des plus insérées, jusqu'à ses derniers jours, dans les combats du temps, a, comme celui de Lucie cinq ans plus tôt, excité une minorité de nostalgiques de la guerre froide. A David Pujadas, toujours non repenti mais, cette fois, discret , a succédé Stéphane Courtois. Le maître d'oeuvre contesté (par deux des auteurs) du "Livre noir du communisme", non content de rappeler la décennie de proximité entre le défunt et les "démocraties populaires", s'en sert comme d'un tremplin (dans une interview sur le blog de Jean-Dominique Merchet, lequel m'a interviewé moi-même à la suite de mes protestations) pour salir, en amont, l'évasion aussi épique qu'authentique du 21 octobre 1943 , d'une manière qu'on ne peut comparer qu'à celles de Vergès et de Chauvy, l'un et l'autre lourdement condamnés par toutes les juridictions possibles.

Sur un beau forum d'histoire actuellement mal géré, Passion-Histoire , en écho à ce qui précède, la calomnie s'est fait jour plus subtilement à propos des fonctions de commissaire de la République de Raymond Aubrac à Marseille au second semestre de 1944, nonobstant le fait que depuis trente ans l'ancien haut fonctionnaire était de tous les colloques sur le sujet et avait dissipé toutes les ombres possibles face à tous les contradicteurs éventuels.

J'ai mis en ligne sur le site, outre le débat chez Merchet, l'article sur Raymond Aubrac que m'a commandé le magazine en ligne "Dernière Guerre mondiale" : .

J'ai été sollicité, sur le même sujet, par le magazine, toujours excellent, "Histoire(s) de la Dernière guerre" , et par les journaux télévisés de BFM et ITV. Mais je n'ai point, cette fois, été invité par l'Humanité, qui comme il se devait a fait écrire l'article nécrologique par Pascal Convert -le sculpteur que son art a conduit à devenir documentariste et qui a, depuis la mort de Lucie,consacré de nombreuses heures à recueillir les souvenirs de Raymond et à leur donner forme(s). Pour les Parisiens que le week-end n'exile pas, nous avons rendez-vous avec lui dimanche prochain au cinéma Max Linder, 24 boulevard Poissonnière, pour la présentation du second de ses deux films, à diffuser en juin par FR2 (réservations au 0149227417).

Pendant que nous y sommes, je vous recommande également (pour la soirée du 6 juin, sur FR 3) l'excellent film "Bir Hakeim", dû à Timothy Miller, donné en avant-première à l'Ecole militaire le 15 mai en présence des survivants de l'exploit de la France Libre, interrogés dans le film; et notamment de Jean-Mathieu Boris, auteur d'un petit livre de mémoires chez Perrin, préfacé par Jean-Louis Crémieux-Brilhac.


Bonnes promenades dans le passé et dans son présent !



fdelpla


PS.- vous pourrez lire également un nouvel éditorial, qui en appelle à une histoire immédiate du sarkozysme; et dans quelques jours une critique du livre important de Christian Baechler "Guerres et exterminations à l'est" (Tallandier).

Si le message s'affiche mal, il devrait être plus lisible ici :

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