Zones d'ombre... - Jean Cavaillès - forum "Livres de guerre"
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Edition du 25 mai 2017 à 12h24

Jean Cavaillès / sous la direction de Alya Aglan et Jean-Pierre Azéma

En réponse à -2
-1Gabrielle Ferrières! de Francis Deleu

Zones d'ombre... de René CLAUDE le jeudi 12 juin 2003 à 23h30

Bonsoir,

Si les différents aspects de la vie de résistant de Jean Cavaillès ont été étudiés avec soin par l'équipe de chercheurs qui a produit cette biographie croisée, des zones d'ombres subsistent sur les derniers mois de sa vie.
De l'aveu-même des responsables du projet mené par Aglan et Azéma, ils ne sont pas parvenus à comprendre ce qui a conduit le philosophe militant à être séparé en janvier 44 à Compiègne de ses camarades arrêtés avec lui à la fin du mois d'août 1943.
Le "groupe Léopold" pour l'Abwehr III F3 avait réussi à infiltrer le réseau "Cohors" et ce sont les agents de l'Abwehr qui procédèrent aux arrestations. (La soeur de Cavaillès et son mari furent également pris au même moment.)
Les conditions de ces arrestations en chaîne ne sont pas toutes connues avec précision, ainsi que le précise Benoît Verny qui s'est chargé de la partie du livre intitulée "La chute".

On sait que L'Abwehr avait une bonne connaissance du réseau depuis un moment déjà grâce à l'exploitation des informations de son agent retourné "Michel" et des filatures; Benoît Verny pose la question :
"Pourquoi l'Abwehr estime-t-elle que le temps des arrestations est venu ? Cette décision met fin au processus d'infiltration, c'est donc que celui-ci est supposé arriver à son terme. Mais là commence aussi l'imprécision des sources." (p. 179) Et l'auteur d'expliquer que les différents récits et témoignages n'éclairent pas vraiment cette zone d'ombre...
Il poursuit en nous rappelant que "la spécialité de l'Abwehr III F est la prise de contrôle des réseaux adverses, et que le nec plus ultra de cette difficile discipline est le Funskpiel."

Quelques jours avant, 22 ou 23 août 43, un important parachutage expédié par Londres avait apporté à "Cohors" des fonds, des moyens de codage, du matériel de transmission et des armes et explosifs. C'est Jean Cavaillès qui en fit la demande le 1er août.
Tout est parvenu au destinataire et le réseau "Cohors" est opérationnel et surtout INDEPENDANT ... et donc il est mûr pour les opération d'un Funkspiel !

Jean Cavaillès est une belle prise pour l'Abwehr : il est en contact avec la Délégation de la France libre auprès de la Résistance, le Bureau des opérations aériennes, l'A.S., la Confrérie Notre-Dame, Libération-Nord, bien sûr, sans oublier l'O.C.M.
Malheureusement, les chercheurs ont buté sur un manque de documents et de témoignages : ils ne savent pas si l'opération Funkspiel par Cohors eut des suites réelles...

Les Allemands ont décimé le réseau : 311 arrestations sur 992 agents immatriculés, 16 agents-militants fusilés, 15 morts à la suite de séances de tortures et sur 268 déportés, 99 qui ne rentrèrent pas.

Mais un "Cohors Bis", réduit, et très prudent, a pu continuer jusqu'en mai 1944 où une nouvelle fois les services nazis décapiteront le réseau.
Benoît Verny nous apprend que Londres (BCRA) fut informé 2 semaines après de la chute de Jean Cavaillès : le réseau fut mis en sommeil.
Et puis surtout, le chef arrêté ne donne personne. Il ne livre rien d'utile, aucun nom exploitable par l'Abwehr.

Et l'auteur du chapitre de se demander pourquoi une arrestation qui pouvait faire redouter le pire ne débouche sur rien dans les mois qui suivent : pas d'arrestations, pas de tentatives d'intox par jeux d'ondes empoisonnées... ?
Jusqu'en avril 1943, Jean Cavaillès ne possède pas sa petite équipe radio autonome : il doit faire passer ses messages à Londres par la centrale Coligny-Confrèrie Notre-Dame. Pire, il se fait même "piquer" un opérateur par une autre organisation. Très fâché, il le fait savoir au BCRA et c'est Stéphane Hessel qui renvoie le message annonçant l'arrivée à Cavaillès d'un autre opérateur radio (pseudo Loir) et d'un agent pour l'action.
Passy rédige un 2e message dans lequel il affirme que l'opérateur Loir envoyé pour "Cohors" ne doit se charger que des informations militaires; pour les autres messages, Cavaillès continuera d'utiliser la centrale Coligny-CND.
Vers le 18 juin, Loir arrive en France.
Mais dès le 21 juin, Loir confirme son contact avec Cavaillès en disant qu'ils n'ont pas de matériel, pas de personnel, pas de refuges ! La situation va durer 3 mois ! Et les échanges avec le BCRA transitent toujors par la Confrérie Notre-Dame. Ensuite, deux postes sont interceptés par l'Abwehr et le responsable de la centrale Coligny CND pour le matériel est arrêté.
Ce n'est que le 29 septembre 1943 que le contact est établi et fiable entre Cohors et Londres/BCRA ! Cavaillès est aux mains de l'Abwehr depuis un mois.

Selon Verny, "il est donc clair que Loir n'a pas établi de liaison radio directe entre Cohors et Londres avant l'arrestation de Cavaillès" (p.186)
Cavaillès n'a pas accès au trafic radio: le Funkspiel imaginé est compromis. A l'Abwehr, on comprend vite que c'est Coligny-CND qui est prioritaire. La centrale est un passage radio vers Londres crucial pour plusieurs réseaux. Mais c'est une autre histoire.

Cavaillès est relégué à Fresnes par l'Abwehr qui "l'oublie" là-bas pendant 5 mois.
En septembre, il semble atone, comme rentré à l'intérieur de lui diront des témoins. Mais en décembre, il a changé, semble ragaillardi et prépare sa défense avec d'autres camardes détenus afin de rendre leurs déclarations cohérentes. Là, comme le dit l'auteur en citant S. Hessel la question n'est pas de parler ou de se taire, mais bien de livrer ou de ne pas livrer d'autres résistants. Les réseaux demandaient aux camarades torturés de tenir 48 heures, après ils pouvaient choisir leur tactique. Concernant Cavaillès, Verdy peut affirmer :
1. Au début (août-sept), il ne parle pas, alors qu'il sait beauoup de noms.
2.Dès déc. il a une marge de manoeuvre et peut combiner des défenses avec des compagnons. Il parle et protège son réseau : il évitera l'exécution à certains qui ne sont "que" déportés, voire libéré dans le cas de Grosrichard.

Le 13 novembre 43, l'opérateur Loir est arrêté. L'Abwehr va tenter une dernière fois un Kunkspiel avec Cohors et son chef, Cavaillès. Mais le BCRA (Hessel) après quelques échanges, pige le jeu et repousse les demandes de l'Abwehr.
En janvier 1944, l'Abwehr cesse la tentative et rassemble tous les prisonniers de Cohors qui sont regroupés à Compiègne le 19 janvier 1944.
Mais le 21 janvier, Jean Cavaillès est rappelé pour "supplément d'instruction". C'est le seul.
Il sera jugé par le tribunal militaire d'Arras et exécuté.

Là encore, les historiens butent sur des sources muettes ou un absence de sources...
Les Allemands ont-ils découvert que Cavaiilès sous un autre pseudo ("Daniel") avait accompli des actes de sabotages punis de la peine de mort... ? C'est une possibilité.
Si les résistants coupables de renseignement pouvaient espérer s'en tirer, ceux des groupes action étaient exécutés.

Les chercheurs ont encore l'espoir de découvrir des éléments solides pour éclairer cette partie plus secrète de l'activité de Cavaillès, cet engagement physique qu'il revendiquait et recherchait tout en sachant son issue souvent fatale.

Cordialement,

René Claude

et : à suivre.

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