En confrontant les livres de Dagore, de B. et G Delluc sur Filliol, de P. Bourdrel sur la Cagoule et de J.R.Tournoux sur « l’Histoire Secrète », il est possible d’avoir une certaine idée de ce qu’avait fait la Cagoule et de se qu’elle s’apprêtait à faire.
Rien que pour la région parisienne, de très nombreux dépôts d’armes avaient été aménagés dans des sous-sols des villas et dans des appartement comme par exemple 37 rue de Ribéra, 2 rue de Rotrou, 38 Bd. Flandrin, 3 Bd Guibert, 92 Bd De Picpus, 13 Bd de Coucelles, 10 rue Jean Bausire, 10 ave. Louis à Villemonble etc de quoi faire sauter chacun des pâtés de maisons.
Quand ces armes étaient saisies, elle étaient entreposées au dépôt de la caserne du Fort-Neuf de Vincennes dont tous les officiers étaient pour la Cagoule. Dagore disait « elles étaient mieux là qu’ailleurs car on pourra les récupérer »
Mais il fallait une villa dans la banlieue, bien isolée mais pas trop loin de Paris « fort propre à l’usage que nous la destinions » selon Dagore ( pleine de sous-entendu).
Le 30 mai 1937, Filliol le tueur et son amie Alice, Dagore (surnom de Aristide Corre) chef du 2ème Bureau de la cagoule et Jakubiez (le 2ème tueur des frère Roselli) prennent l'Hotchkiss et prospectent à Rueil. Ils décident de louer la villa « La Futaie » au Hameau de la Jonchère au 8 de la rue Sainte Claire.
Ils font aménager les sous-sols par un entrepreneur R.Anceaux de la Cagoule et son ouvrier H.Vasselin de Dieppe. Une porte blindée cachée derrière une étagère, mène à un couloir où s’ouvre une deuxième porte où les Cagoulards comptaient retenir les prisonniers.
Quand, vers le 15 novembre 1937, les policiers ont inspecté la cave, il n’ont pas trouvé « la fameuse chambre de torture qui avait donné tant de peine à construire » nous dit Dagore (page 160 des "Carnet Secrets".)
Les Cagoulards n’ont donc pas eu le temps de passer à l’acte avant la fin de l’année car à cette date ils étaient arrêtés ou en fuite en Espagne comme Dagore. Mais ils en avaient les projets. Ainsi, Dagore se promettait de faire passer un fichu quart d’heure au Commissaire et au juge Béteille qui avaient instruit le dossier de la Cagoule.
Il sous-entendait tout simplement qu’ils seraient exécutés.
Et pourtant c’était un « brave » garçon ce Dagore. Il a vécu avec sa maman presque toute sa vie alors qu’il avait 45 ans en 1940. Il était licencié en Lettres et en Histoire. Il entretenait avec elle un véritable complexe d’Œdipe. Réfugié en Espagne en 1937, il l’avait emmenée avec lui.
Une fille qu’il a connu platoniquement en Espagne, ne convenait pas à « sa maman ». Il en était rendu à consulter les petites annonces matrimoniales qui ne se sont jamais concrétisées
Et pourtant ce « brave garçon » était impitoyable avec ceux qui ne pensaient pas comme lui. |