Dans un autre genre : la guerre vue par le cinéma stalinien - L'Allemagne de Hitler - forum "Livres de guerre"
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Edition du 15 février 2012 à 16h42

L'Allemagne de Hitler / collectif

En réponse à
-1Le front de l'Est en couleurs (1939-1945) de René CLAUDE

Dans un autre genre : la guerre vue par le cinéma stalinien de Nicolas Bernard le mercredi 15 février 2012 à 16h21

Dans un autre genre - quoique parfois en couleurs - voici quatre films soviétiques réalisés dans l'immédiat après-guerre et présentant la version stalinienne du conflit :

- Le Serment (1946) - réal. : Mikheïl Tchiaourelli / relecture du scénario : Joseph Staline. Alors que Staline, par simple apposition des mains, répare des tracteurs tombés en panne par la faute de saboteurs trotsko-occidentaux, Hitler fomente la guerre et envahit la Russie le 22 juin 1941. Staline bat Hitler. Voir le film.

- Le Troisième Choc (1948) - réal. : Igor Savtchenko / relecture du scénario : Joseph Staline. Hitler s'est emparé de la Crimée. Staline bat Hitler. Voir le film.

- La Bataille de Stalingrad (1949) - réal. : Vladimir Petrov / relecture du scénario : Joseph Staline. Hitler décide de s'emparer de Stalingrad. Staline bat Hitler - voir la première partie et la seconde partie.

- La Chute de Berlin (1950) - réal. : Mikheïl Tchiaourelli / relecture du scénario : Joseph Staline. Un ouvrier stakhanoviste et une institutrice de village tombent amoureux mais Hitler brise leur couple le 22 juin 1941. Staline cesse de cultiver son jardin et bat Hitler. Lire la critique publiée sur le site Nanarland et voir la première partie ainsi que la seconde partie.

Fait significatif, ces quatre "oeuvres" cinématographiques, pontifiantes toujours, saisissantes parfois, sont les seules à décrire la Grande Guerre Patriotique dans les dernières années du règne de Staline, de 1945 à 1953. La quasi-totalité des autres films soviétiques de la période traitent d'autres sujets plus légers, quoique généralement collectivistes.

Le cinéma soviétique s'inscrit alors dans une politique délibérée d'étouffement mémoriel, la guerre contre les Allemands ne servant qu'à renforcer le culte du chef. Aucune liberté de parole n'est donnée aux officiers supérieurs, à plus forte raison aux simples soldats. Les monuments aux morts de l'Armée rouge ne sont bâtis qu'en Europe orientale, pour marquer les frontières du nouvel empire, et rappeler aux peuples du Bloc de l'Est le tribut versé par leurs "libérateurs". Pour sa part, l'Union soviétique a gagné la guerre, point : elle doit se retrousser les manches pour reconstruire le pays, bâtir le socialisme, inverser le cours des fleuves, résister aux Alliés occidentaux qui ne cherchent qu'à lui nuire. Ce n'est que dans les années 60 que le 9 mai, jour de la capitulation allemande à Berlin, deviendra un jour férié.

Staline cherche d'autant moins à glorifier la mémoire du conflit que ce dernier marque encore tous les esprits, ce qui rend bien plus difficile la manipulation du passé. Les quatre films précités constituent, dans ces conditions, un compromis : ces "oeuvres" impliquent des moyens colossaux en figurants et en effets spéciaux pour compenser leur rareté, et de manière plus générale l'absence de valorisation mémorielle des vétérans et des civils ; simultanément, elles divinisent littéralement le dictateur, assimilé à un être génial, surnaturel, omniprésent et thaumaturge, perpétuellement sage et bienveillant ; enfin, elles réécrivent l'Histoire.

A ce titre, les autres protagonistes de la guerre, interprétés par des sosies maquillés à l'extrême, sont réduits à des faire-valoir. Les généraux soviétiques sont totalement admiratifs devant l'intelligence de Staline. Côté Axe, Hitler est dépeint sous les traits d'un excité maniaco-dépressif et bipolaire, chacun de ses interprètes s'acharnant à battre les records du sur-jeu. Le dictateur nazi impose ainsi ses ordres les plus aberrants à des généraux qui, eux, témoignent d'une plus grande lucidité (l'un d'eux affirme notamment au Führer que Staline est un génie militaire). Les Anglo-Saxons, pour leur part, sont perçus comme sournois, prêts à négocier avec le Reich (du moins avec Göring) et retardant le plus possible l'ouverture du Second Front. Churchill, notamment, reste plus que jamais porté sur l'alcool.

Les quatre films soviétiques précités - et plus précisément La Chute de Berlin - illustrent ainsi à merveille l'instrumentalisation du passé par le régime stalinien, allant jusqu'à laisser perler une goutte de subtilité dans sa description de l'ennemi allemand : le méchant Teuton, en l'occurrence, est moins le simple soldat que l'officier, et moins l'officier que le dirigeant nazi. Ce qui, du reste, est amplement conforme à la propagande soviétique développée pendant et après la guerre, à savoir que cette dernière a été conduite contre les "fascistes", non contre "les Allemands". De quoi faciliter la diffusion de La Chute de Berlin en Allemagne de l'Est.

A noter deux autres films où Staline sauve la situation façon Rambo :

- Première de Cavalerie (1941) - réal. : Yefim Dzigan et Georgui Beriozko - relecture du scénario : Joseph Staline. En 1920, les Polonais envahissent la Russie. Staline les bat. Voir le film.

- L'inoubliable année 1919 (1952) - réal. : Mikheïl Tchiaourelli / relecture du scénario : Joseph Staline. En 1919, les Alliés occidentaux s'allient aux Blancs pour s'emparer de Petrograd. Lénine fait appel à Staline, qui les bat. Voir le film. A noter l'édifiante séquence consacrée à la conférence de Versailles, ou encore une nouvelle apparition de Churchill, identique à sa prestation de La Chute de Berlin.

*** / ***

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