Compromis staliniens - Le Fantôme de Staline - forum "Livres de guerre"
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Edition du 06 février 2012 à 18h38

Le Fantôme de Staline / Vladimir Fédorovski

En réponse à -4 -3 -2
-1Deux-trois petits compléments... de MOSCA

Compromis staliniens de Nicolas Bernard le lundi 06 février 2012 à 18h28

(navré pour le retard...)

Staline savait que l'Armée rouge n'était pas prête. Il avait accès aux accablantes données collectées sous l'impulsion de Timochenko dès 1940. Il avait lui-même lancé le plan de modernisation de ses forces armées, qui ne pouvait bien entendu être bouclé en 1941. Il n'ignorait pas les résultats pessimistes des "jeux de guerre" organisés en janvier 1941. J'ajoute ce témoignage de Molotov, selon lequel le maître du Kremlin "avait estimé que nous ne serions pas capables d’affronter les Allemands d’égal à égal avant 1943" (Felix Tchouev, Conversations avec Molotov. 140 entretiens avec le bras droit de Staline, Albin-Michel, 1995, p. 40).

Une dernière preuve de cette lucidité provient, a contrario, de ses fameuses allocutions du 5 mai 1941, au cours desquelles il proclame à plusieurs centaines d'officiers que l'Armée rouge est une force offensive, que sa modernisation va bientôt s'achever, que la réputation de l'armée allemande est surfaite. Les "rezunistes" en déduisent qu'il préparait les esprits à une invasion de l'Europe, ce qui est absurde (dans cette hypothèse, pourquoi proclamer publiquement le mois suivant, via l'Agence Tass, que les relations germano-soviétiques sont au beau fixe ?). J'y vois plutôt un souci, chez le dictateur, de remonter le moral des cadres (il l'avoue à Joukov et Timochenko dix jours plus tard), parce qu'il le sait ou le devine mauvais.

Sachant donc l'Armée rouge en position de faiblesse, et surestimant considérablement les effectifs et la puissance de la Wehrmacht (à cause de ses propres services de renseignements), il en déduit qu'il ne peut même se permettre de "limiter la casse", et qu'il lui faut, à n'importe quel prix, éviter la guerre. Et dans la mesure où il perçoit le gouvernement nazi comme un panier de crabes entourant un Hitler qu'il estime pouvoir raisonner, il espère plutôt, en multipliant les sourires russes, saper l'influence des politiciens allemands va-t-en-guerre, au profit des "russophiles".

A quoi s'ajoute la peur de "coups de mains" limités de certains généraux vis-à-vis de territoires soviétiques, et qui créeraient, à défaut d'une guerre ouverte, une situation de crise digne de ce que seront les incidents frontaliers avec le futur ex-frangin chinois à partir des sixties. Ce qui implique le maintien, aux frontières, d'un cordon de troupes, au lieu de les échelonner davantage en profondeur.

D'où cet usage de compromis imparfaits dans le déploiement des échelons stratégiques, ces ordres et ces contre-ordres qu'aggravent les dysfonctionnements de la logistique soviétique, ce souci de discrétion qui retarde les transports, cette incohérence entre le souci de ne pas donner aux Allemands un prétexte à attaquer et l'angoisse de ne pas apparaître trop faible.

Enfin, Staline ne pouvait engager son armée dans une guerre d'attrition, dans la mesure où une telle option ne correspondait pas à la doctrine militaire de l'Armée rouge, laquelle se voulait basée sur le mouvement, donc offensive. Une telle dérive intellectuelle était imputable à une vision restrictive de l'art de la guerre tel que défini par les Soviétiques - ce même art de la guerre dont Jean Lopez dresse un portrait dithyrambique dans son Berlin, alors que la réalité est moins reluisante. Les Soviétiques, à force de s'intéresser à l'art opérationnel (enfin, surtout sa variante offensive), n'ont pas suffisamment accordé d'attention à la stratégie, et plus précisément à la défense stratégique. D'où ce culte de l'attaque, sclérosant les esprits - voir sur ce point Cynthia Roberts, "Planning for War. The Red Army and the Catastrophe of 1941", Europe-Asia Studies, vol. 47, n°8 (déc. 1995), p. 1293–1326, Ewan Mawdsley, "Crossing the Rubicon", op. cit., et Richard W. Harrison, The Russian Way of War. Operational Art 1904-1940, University Press of Kansas, 2001, p. 213-216.

P.S. Si cela vous intéresse, au-delà des travaux de Lopukhovski/Kavalerchik déjà cités, Gilberto Villahermosa s'est livré à une analyse uchronique d'une éventuelle offensive préventive soviétique au printemps 1941 : "The Storm and the Whirlwind. Zhukov strikes first", in Peter G. Tsouras, Third Reich Victorious. Ten dynamic scenarios in which Hitler wins the war, Presidio, 2008, p. 95-134.

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