Bonsoir,
Si le cas de Louis Renault est emblématique et fait encore la « une » de l'actualité forumesque qu'en fut-il des autres fleurons de l'industrie française ayant collaboré avec l'ennemi ?
Dès septembre 1944, les usines d'aviation Caudron, Latécoère et Amiot, par exemple, seront placées sous séquestre. Sous l’Occupation, l’industrie aéronautique fournissait 90% de sa production à l’effort de guerre allemand.
Les cours de justice traiteront des centaines de cas. Rien que dans le département de la Seine, 21 entreprises automobiles seront concernées. Les procédures judiciaires vont durer jusqu’en 1949, tant les procédures étaient lourdes et complexes, avec les perquisitions, l’examen des comptes, l’évolution du chiffre d’affaires, la part des commandes allemandes, le poids des contraintes ou la recherche spontanée du profit dans les relations avec les Allemands.
La lourdeur et la longueur des procédures accréditeront dans l’opinion publique le sentiment d’une justice épargnant les industriels. Il est vrai que devant les cours de justice, la collaboration économique ne représenta qu’entre 5 à 10% des inculpations ; devant les chambres civiques environ 25%. Bref, un nombre considérable d’affaires économiques ont été classées sans suite ou on fait l’objet de non-lieux.
On peut penser que les juges étaient placés devant plusieurs dilemmes. Comment apprécier la différence entre une collaboration contrainte, une collaboration consentie et une collaboration recherchée ? Etait-il concevable de sanctionner trop durement une entreprise qui « collabora » pour maintenir son activité et, accessoirement, l’emploi de ses travailleurs ? Si la nationalisation des grands secteurs industriels comme Renault ou les houillères du Nord pérennisait l’emploi, il n’en aurait pas été de même pour les PME. Enfin, les impératifs liés à la reconstruction du pays et à la relance économique imposaient une certaine « retenue » dans les condamnations.
Notons encore que l’épuration sauvage frappa nombre de petits industriels et commerçants pour des motifs politiques plus que des critères économiques.
Bien cordialement,
Francis. |