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| | A livre ouvert ... / les contributeurs de "Livres de Guerre"En réponse à Les constats d'un diplomate américain de Francis Deleu le dimanche 11 septembre 2011 à 21h41Bonsoir,
Sans vraiment répondre à la question de David, les extraits ci-dessous font état de la présence allemande en AFN et, accessoirement, montre combien Hitler se désintéressait de l'AFN.
Fin décembre 1940, le diplomate américain, Robert Murphy est envoyé en AFN comme représentant de Roosevelt. Il raconte dans son livre Un diplomate parmi les guerriers :
pp 86 et 87 : Arrivé à Casablanca au début de janvier [1941], le coup de téléphone d'un diplomate allemand me causa des appréhensions. Theodor Auer, que j'avais connu avant la guerre alors qu'il était conseiller à l'ambassade d'Allemagne à Paris, me demanda une entrevue d'urgence; je ne partageais pas ce désir. Il m'avait été plutôt sympathique à Paris, mais je préférais qu'il ne mît pas le nez dans mes affaires. Cependant, les autorités françaises me firent comprendre qu'il me serait utile de le voir; on disait qu'Auer, récemment nommé consul général à Casablanca, préparait l'arrivée des Allemands destinés à remplacer les Italiens dans la commission chargée de vérifier le respect des clauses d'armistice au Maroc.
Auer alla droit au but : Que disais-je en Afrique ? J'expliquai abondamment que nos établissements consulaires n'avaient pas été inspectés depuis longtemps depuis longtemps; nous étions, il le savait, une nation d'hommes d'affaires et nous pensions que l'Afrique française offrait dans les circonstances présentes un marche pour nos produits. Il écouta mon galimatias avec patience, mais son attitude montrait qu'il n'en croyait pas un mot. Quand j'eus terminé, je lui demandai à mon tour ce qu'il faisait à Casablanca. « Murphy, me répondit-il, je serai plus sincère avec vous que vous ne l'êtes avec moi. Je suis venu ici dans un dessein unique : persuader l'âne bâté de Berlin, notre Führer, de l'importance de la Méditerranée, et du Maroc en particulier. Herr Hitler ne semble pas avoir conscience de l'existence de cette zone. Il regarde dans toutes les direction, sauf au sud. »
Auer me raconta qu'il avait convaincu le ministère allemand des Affaires étrangères de remplacer les Italiens de la commission d'armistice par des Allemands; il aurait bientôt assez d'hommes à sa disposition pour accomplir convenablement cette tâche. Mais il m'avoua que Berlin ne semblait guère y attacher d'importance. (...)
(...) Auer continua allègrement à organiser au Maroc son état-major qui comprenait plus de cent membres quand les troupes alliées débarquèrent deux ans plus tard. Murphy fait également état des multiples rumeurs qui circulaient en AFN.
pp 92 et 93 - en février 1941 : Les radios de Londres et de New York rapportaient que des centaines d'Allemands, dont beaucoup déguisés en touristes, se répandaient au Maroc; on s'attendait à les voir remplacer les Français dans l'administration du territoire.
Ce fut le premier de toute une série de faux bruits qui troublèrent et retardèrent nos plans d'assistance économique massive à l'Afrique française. Le 19 février, l'ambassadeur britannique à Washington, Lord Halifax, rendit visite au Sous-Secrétaire d'Etat Summer Welles; il insista pour que les négociations avec Weygand soient suspendues sine die. L'ambassadeur se fondait, sans le vérifier, sur un rapport affolé, et erroné, du consul général à Tanger, d'après lequel une délégation allemande, comprenant des spécialistes de bases aériennes et sous-marines, avait remplacé l'aviation militaires française au Maroc.
Le 14 mars, mon ami Félix Cole, consul général américain à Alger, impressionné par ces fausses nouvelles, malgré son expérience, câbla à Washington : « Tous renseignements reçus ici indiquent massive infiltration allemande, maximum six mille, dont huit cents officiers et soldats à Casablanca ». Le 21 mars, il continua en rapportant que des bases sous-marines et trois grandes bases aériennes avaient été cédées aux Allemands à Casablanca et Tanger. Puis, à la mi-mai, l'ambassade britannique à Lisbonne signala « de source digne de foi » que quelques 60.000 soldats allemands étaient massés en Espagne, prêts à une attaque imminente contre Gibraltar et le Maroc. Selon Murphy (et selon toute vraisemblance), alors que se préparait l'invasion de l'Union soviétique, ces rumeurs furent propagées par les nazis pour servir de diversion et pour distraire l'attention du Kremlin. Accessoirement, les spécialistes allemands de la guerre psychologique réussirent à paralyser l'action des Américains en AFN.
Bien cordialement,
Francis. |
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