Bonjour,
L'exposition s'est inspirée de l'album illustré de Linda Ellia, Notre Combat, éditions du Seuil, 2007.
En avant-propos :
« Quelle ne fut pas ma stupeur lorsque ma fille me posa dans les mains le livre d'Adolf Hitler, Mein Kampf, trouvé dans une cave. Comment était-il arrivé là et pourquoi ? Mon corps se mit à trembler, à brûler. Comme si ma vie soudain basculait. Ces écrits avaient engendré de tels massacres ! (...) Je ne parvenais plus à trouver le repos, hantée par toutes ces interrogations. (...)
Un soir, je vis des extraits du film de Claude Lanzmann, Shoah. Le récit des rescapés me bouleversa et, dans la nuit, réveillée en sursaut, des phrases surgirent comme par magie. Je saisis le livre, le regardai, le scrutai. Une idée me traversa l'esprit : « Et si je détachais l'une de ces pages pour y exprimer ma colère, répondre, résister ? » Après avoir recouvert ou transformé une trentaine de pages, Linda Ellia en distribue à son entourage familial et à son cercle d'amis artistes. Enfin, elle décide de poursuivre l'expérience au hasard des rencontres. La démarche est à chaque fois la même : le participant doit lire « sa » page, et réagir par la voie artistique de son choix. Présentation de l'éditeurNotre combat est un projet artistique atypique, véhiculant un message fort de paix universelle. Lorsque, par hasard, Mein Kampf - le livre programme d'Adolf Hitler - tomba entre les mains de Linda Ellia, elle fut saisie d'un sentiment de colère, d'injustice, et l'idée s'imposa à elle: il ne s'agissait pas d'oublier l'ouvrage honni mais au contraire de le combattre en permanence, de l'affronter. "Je décidai, explique-t-elle, de rendre son texte illisible, de le recouvrir, de l'éradiquer, comme une sorte de réponse face à son intolérance et à celle du monde d'aujourd'hui." L'auteur de Notre combat est d'abord intervenue seule sur une trentaine de pages avant de confier à des inconnus, des artistes, des enfants, une page de Mein Kampf en leur demandant d'exprimer comme ils le souhaitaient leur émotion face à un tel support. "Un soir, écrit-elle, l'idée m'est venue de faire participer un public de tous horizons et de toutes conditions... Je découperais chaque page du livre, la distribuerais à une personne de mon choix ou prise au hasard, et cela pour les 689 pages du livre." Chaque personne est invitée à peindre, sculpter, gribouiller, noircir dans, autour, sur sa page de Mein Kampf. Véritable "atelier collectif", l'ensemble est saisissant: une page entourée de barbelés, un collage de goudron, des lignes entières noircies à l'encre de Chine pour effacer les mots sans les oublier. Certains ont aussi découpé la page, l'ont tressée, en ont fait des objets pour détourner la source de son horreur initiale et constituer ainsi un nouveau livre à partir d'un autre. Bien cordialement,
Francis. |