Durupthy : un singulier personnage - Passer en Suisse : Les Passages clandestins entre la Haute-Savoie et la Suisse 1940-1944 - forum "Livres de guerre"
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Edition du 12 août 2011 à 17h35

Passer en Suisse : Les Passages clandestins entre la Haute-Savoie et la Suisse 1940-1944 / Odile Munos-du-Peloux

En réponse à -2
-1Le barbier de Cornavin de Christian Rossé

Durupthy : un singulier personnage de David von Felten le vendredi 12 août 2011 à 17h29

Je me permets un petit complément aux informations déjà données par Christian Rossé.

Marcel Durupthy a effectivement travaillé dès 1939 pour Cuénoud. Son activité ne nous est connue qu'à travers des témoignages et des documents épars et son rôle exact au sein du S.R. suisse reste difficile à circonscrire. Directeur du salon de la gare de Genève et coiffeur attitré de Cuénoud, ce dernier a sans doute estimé en l'engageant qu'un coiffeur de gare était le réceptacle de nombreux récits et confidences de voyageurs susceptibles d'intéresser le S.R.
Durupthy ne va pas ce cantonner dans ce rôle d'enregistreur passif dans lequel on voulait le cantonner, il va s'engager avec passion dans son activité en faveur du bureau France puis de la section Alliés du S.R.,prenant de nombreuses initiatives personnelles. Ainsi, il est en vacances au Grau d'Agde, chez son ami le photographe Adolphe Pariot lorsque la guerre est déclarée. dans cette localité vit depuis des années un artiste peintre tessinois du nom de Gino Pezzani. Durupthy demande alors à Parriot et à Pezzani de rester sur place et organise une filière de renseignements entre Agde et Genève. Cette filière devient particulièrement intéressante lorsque Pezzani parvient en novembre 1942 à se faire engager par l'organisation allemande Todt qui fortifie le littoral français. Sans doute par l'intermédiaire de Cuénoud, Durupthy fait parvenir un appareil photo miniaturisé et de l'encre sympathique à Pezzani. Un agent de vingt-trois ans, Pierre, vient rechercher tous les mois les renseignements et les photos, passe la nuit chez Pariot, et repart pour Genève. Malheureusement, Pezzani est arrêté par la Gestapo le 3 mai 1943 et sera interné jusqu'à la fin de la guerre dans les camps de concentration de neue Bremm et de Sachsenhausen, ne survivant que par miracle (PRAZ, Grégoire : Gino Pezzani, Tessinois et survivant de Sachsenhausen: "Peut-on sevenger d'avoir vécu l'enfer lorsqu'on est rentré au Paradis ?", in Nexus Express, n°2, mai 1995, pp. 4-5).
La filière établie par Durupthy semble être restée "officieuse" et n'avoir jamais été reconnue par la section Alliés. le fait que Gino Pezzani ne figure pas dans le dossier "Agents incarcérés ou morts" de la section Alliés(Archives fédérales E27/9706) accrédite fortement cette thèse.
Le dossier Durupthy conservé aux Archives fédérales (AF E 27/9716) apporte quelques indications sur ce collaborateur désintéressé (il ne touchera en effet jamais le moindre salaire du S.R. si ce n'est à titre de remboursement de ses frais) et nous renseigne sur la suite de son étonnante carrière au sein du S.R. Durupthy semble avoir été un anticommuniste forcené et aurait avant-guerre assidûment fréquenté les milieux frontistes. Pourtant malgré le fait que certains communistes l'accusent d'être à la solde de la Gestapo (lettre du capitaine Clément au colonel EMG Cuénoud, 6 mars 1944, dossierDurupthy), Durupthy donne l'impression au contraire de s'être voué corps et âme à la cause de la Résistance. Ainsi il organise, avec l'aide du Révérend Père Louis Favre du Juvénat de Ville-la-Grand et du résistant français Louis Mas, une filière d'évasion pour permettre à des résistants, des prisonniers de guerre évadés ou de futurs combattants de rejoindre l'Espagne puis l'Angleterre (in CEFFA Gilbert, sous le pseudonyme de PIERRIER, Jean-François : Chroniques des années brunes à la frontière genevoise. Genève: Editions Le Courrier, p.30). On sait aussi qu'il entretenait des liens très étroits avec la résistance valdôtaine, n'hésitant pas à héberger ses membres chez lui ou à les aider financièrement (in CEFFA, p.18).
Malgré ses états de service, Durupthy souffre d'un défaut rédhibitoire pour un membre, même bénévole, d'un S.R. : un manque total de discrétion. Vaniteux, il n'hésite pas à exhiber sa carte du S.R. aux clients de son salon et à proclamer qu'il rencontre son supérieur jusqu'à deux fois par semaine. Plusieurs rapports datés d'août 1942 montrent que ce comportement suscite de légitimes inquiétudes au sein des collaborateurs de la toute récente section Alliés (rapports des 13, 18 et 19 août 1942, dossier Durupthy, AF E27/9716). Cuénoud ne lui retire pas pour autant sa confiance puisque, comme l'a déjà indiqué Christian Rossé, Durupthy travaillera encore pour lui jusqu'à fin 1943.
Le simple fait que le chef de la section Alliés rencontre aussi régulièrement un collaborateur bénévole ne dépendant que de lui indique que les informations que Durupthy pouvait fournir étaient considérées comme très importantes par le S.R. Faute de documents, l'étendue et la nature des sources dont disposait Durupthy nous restent inconnues comme d'ailleurs les raisons exactes pour lesquelles Durupthy cesse son activité en faveur de la section Alliés. Les copies de deux lettres que Cuénoud lui a envoyées le 31 décembre 1943 et le 12 janvier 1944 semblent indiquer que Durupthy aurait décidé de son seul chef de cesser de travailler pour le S.R. mais le ton de la deuxième lettre lui intimant de cesser tout trafic à la frontière sous peine de poursuites judiciaires montre que les relations entre les deux hommes s'étaient nettement refroidies à cette époque. Durupthy reprendra cependant du service pour la section Axe du S.R. suisse à l'insu de Cuénoud. En effet, plusieurs documents datant de la fin 1945 démontrent que Durupthy se retrouve au coeur d'une rocambolesque affaire dans laquelle il tente de vendre à l'armée suisse des chevaux pris par les résistants valdôtains aux forces allemandes, le tout sous couvert de la section Axe (in dossier Durupthy, AF).

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