Bonjour,

D'ailleurs le livre de Bird, si j'ai bonne mémoire, donne d'autres éléments montrant qu'un 1947 encore Hess prenait au sérieux son rôle de successeur de Göring, lui-même successeur de Hitler ? (François)

En effet, quelques éléments montrent que Rudolf Hess se considérait comme le second personnage du IIIe Reich à l'égal, selon lui, de Göring.

En 1948, Hess est interrogé par Walsh, le psychiatre américain. Celui-ci lui demande quelle était sa situation dans le IIIe Reich au moment de son envol pour l'Angleterre.
Hess répondit qu'il était le deuxième personnage du Reich et que, dans la hiérarchie, il venait tout de suite après le Führer.

Le psychiatre lui demanda ce qu'il en était alors de Göring. Hess répondit que Göring occupait également le second rang, mais dans un secteur différent, Hess étant chargé des Affaires sociale et Göring, de l'Industrie.
Hess soupçonnait-il à ce moment Göring de chercher à l'évincer ? Sa situation, son influence au sein du gouvernement commençaient-elles à décliner ? A toutes ces questions, Hess répondit avec véhémence qu'il n'en était rien.

En filigrane, nous pouvons comprendre que, malgré ses dénégations, Hess se sentait relégué au troisième rang voire comme quantité négligeable.

Une autre confirmation implicite dans l'ouvrage de René Mathot, "Au ravin du loup" qui rapporte le témoignage de Hans Baur, le pilote personnel de Hitler.[1]:

En juin 1940, Hess arrive au ravin du loup [2] à l'improviste, car Hitler ne l'avait pas convoqué.
On entendait peu parler, à cette époque, de Hess qui portait le titre de "remplaçant du Führer". Cependant, quelques jours après notre installation au nouveau quartier général, il arriva dans son Ju-52, piloté par le capitaine-pilote Doldi. J'étais sur le terrain avec une petite voiture et Hess, ne voulant pas attendre celle qui devait venir le prendre, monta à côté de moi pour se rendre auprès de Hitler. Ils entrèrent dans une petite école pour s'entretenir. Mais le but principal de Hess était d'obtenir une permission pour se rendre au front. Hitler la lui refusa, déclarant qu'il avait besoin, à l'intérieur, d'un homme en qui il pût avoir une confiance absolue. Il lui ordonna même de retourner à Munich dès le lendemain.
"Voyez-vous, Baur, me dit Hess quand je le conduisis au terrain, je suis bien à plaindre ! En ce moment, je préférerais de beaucoup être chef de compagnie que ministre. En temps de guerre, la place d'un homme est au front et non dans une chancellerie. Quand je pense à tout ce qu'il me faut faire, à ces querelles de parti incessantes dans lesquelles je suis obligé d'intervenir … Cela ne me plaisait guère déjà en temps de pais, mais maintenant ! ...
J'essayai de le consoler en lui disant que Hitler ne voulait pas le perdre et lui réservait sans doute encore de grandes missions. Il inspecta attentivement notre installation - nous avions alors une quarantaine d'appareils - puis se mit au manche de son Ju-52 et partit pour Munich.

Nous pouvons comprendre que l'influence ou la place de Hess au sein de la hiérarchie du Reich est en déclin et que l'ex "second" de Hitler tentera par tous les moyens - comme le coup d'éclat de son envol pour l'Ecosse - de redorer son image.... hypothèse parmi tant d'autres.

Bien cordialement,
Francis.

[1] Baur Hans, "Mit Mächtigen zwischen Himmel und Erde"
[2] Le Quartier général de Brûly-de-Pesche situé au sud de la Belgique à proximité de Chimay.