Un grand dessein stalinien ? - Le Brise Glace - forum "Livres de guerre"
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Le Brise Glace / Victor Suvorov

En réponse à -3 -2
-1L'essentiel, et le reste de MOSCA

Un "grand dessein" stalinien ? de Nicolas Bernard le vendredi 28 janvier 2011 à 10h55

> Bon. Reste à savoir ce qu'il comtait faire de ses 32 400
> avions de combat et 30 000 chars prévus en 41. Des parades
> pour la révolution d'octobre sans doute. Mais n'est-ce pas
> un peu trop dispendieux, seulement à cette fin ?
> Par ailleurs l'été durant jusqu'au mois d'aout, avec les
> 2500 avions et 1000-1500 chars supplémentaires par mois, à
> ajouter aux 27 832* avions et 25 331* chars divers présents
> au 22 juin, pouquoi Staline n'aurait-il en fin de compte
> pas eu les moyens de ses ambitions?

Oui, mais quelles ambitions ? Tout dans sa carrière démontre qu'il n'a jamais cru, ou si peu, à la Révolution mondiale. Sa première intervention lors des débats au sein du Parti, en 1917, s'agissant des négociations germano-russes qui mèneront à la "paix honteuse" de Brest-Litovsk, révèle au contraire son mépris pour les aptitudes révolutionnaires des Européens... Exit, donc, chez Staline, la croyance que les masses se révolteront.

Est-ce à dire qu'il tenait à exporter la Révolution par les armes, l'Armée rouge étant l'instrument de cette conquête du monde ? S'il est possible qu'il y ait songé, rien n'établit que tel était son grand dessein. Staline, en effet, revendique le développement de la "patrie du socialisme" : l'industrialisation et la collectivisation, sur fond de contrôle et de mobilisation permanents des masses et du Parti, feront de la Russie une grande puissance. La politique étrangère, dans ces conditions, sert ce programme, et se définit donc par un maître mot : sécurité. Le temps d'achever cette mutation économique et sociale, l'Union soviétique doit éviter de s'engager dans un conflit, en toute hypothèse être capable de se défendre contre tout agresseur.

Ainsi Staline me paraît-il fondamentalement redouter l'aventure. Il s'en est même vanté, lors de son ascension vers le pouvoir suprême dans les années vingt, rassurant ainsi la base du Parti soucieuse de jouir de ses privilèges. Il ne s'engage que s'il estime que toutes les chances sont de son côté, comme lorsqu'il autorise, en 1929, les forces de Bliukher à reprendre le contrôle de la ligne de chemin de fer de l'Est chinois, héritage de la Russie tsariste raflé par le gouvernement nationaliste de Tchiang Kaï-chek. Ou alors ses interventions militaires extérieures découlent de l'urgence d'une situation internationale qui lui échappe : annexion de la Pologne orientale en septembre 1939, des Etats baltes et de portions du territoire roumain (Bessarabie et Bucovine) à l'été 1940, pour repousser d'autant ses lignes de défense vers l'Ouest face aux succès allemands.

De même, le Vojd ne s'est engagé qu'à reculons dans la guerre de Finlande, prisonnier de son propre bluff : il voulait initialement se contenter d'un traité d'assistance mutuelle et procéder à un échange de territoire, ce qu'Helsinki a refusé, l'obligeant à improviser une campagne militaire sous peine de perdre tout moyen de pression sur les Etats baltes qui, eux, venaient de conclure de tels accords. Non pas qu'il soit un mouton en politique extérieure. Mais il redoute alors, en se montrant par trop annexionniste, d'une part de mécontenter Berlin alors que se négocient des accords commerciaux qui seront difficiles à mettre en oeuvre, d'autre part de concrétiser définitivement la rupture avec l'Ouest.

Plus généralement, selon la formule de Nicolas Saudray dans Les oranges de Yalta (Balland, 1991), il ne "s'attaque qu'à des proies mortes, sans défense". Même l'invasion de la Mandchourie, en août 1945, répond à cette définition : sans aller jusqu'à nier la valeur combative de l'armée japonaise occupant l'Etat fantoche du Mandchoukouo, force est de constater qu'elle ne fait absolument pas le poids devant une Armée rouge bénéficiant d'un équipement de pointe et d'une expérience de quatre années de guerre. Mieux encore, l'invasion a reçu la bénédiction des Occidentaux, obsédés par l'idée d'en finir plus rapidement avec le Japon.

Et lorsqu'il autorise le leader nord-coréen Kim Il Sung à envahir la Corée du Sud en 1950, il ne laisse agir, en l'occurrence, qu'un de ses pions, sans s'engager directement, fournissant un service logistique minimal, laissant la Chine s'empêtrer dans un conflit avec les Etats-Unis...

J'y vois là autant d'éléments qui démontrent que Staline n'avait pas programmé d'invasion de l'Europe en 1942 ou après, une telle ambition n'étant d'ailleurs nullement étayée. Pareille décision aurait, surtout, été largement tributaire du contexte. Staline pouvait également croire, dans sa logique des rapports de force mondiaux, qu'agresser l'Allemagne amènerait à fédérer contre lui l'ensemble des puissances occidentales, ainsi que le Japon. N'était-ce pas courir le risque d'une nouvelle guerre généralisée contre la Russie ?

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