Merci des ces éléments.
J'avais parcouru la biographie sans surprise qu'Alain Gandy consacra à Salan publiée chez Perrin en 1990; mais je ne me souviens pas qu'il y ait fait mention de l'opiomanie de Raoul Salan. Si on se base sur vos éléments, et connaissant la dimension méditative du caractère de l'ancien commandant en chef (surnommé "le Chinois"...), ses séjours en Indochine l'ont sans doute initié à l'opium.
Mais cette bio m'avait semblé un peu trop hagiographique...
Selon les historiens spécialistes de la première guerre d'Indochine, les soldats et les sous-officiers du Corps expéditionnaire qui voulaient "dégager" en permission, préféraient le cognac, le pastis, bref les alcools forts et le rouge; l'opium était apprécié de quelques officiers minoritaires qui retrouvaient des marchands chinois et européens, des fonctionnaires et quelques reporters.
On a exagéré cet accessoire exotique et les ennemis politiques du Salan du temps de l'OAS en ont rajouté afin de le discréditer. Mais il est difficile d'avoir un avis raisonné à propos de la réalité de l'opiomanie chez les Français d'Indochine.
On sait que l'opium était pratiqué également par des officiers de marine et que "la Royale" essaya d'étouffer quelques affaires de trafics vers les ports français. On parle bien sûr de l'amiral free french Muselier - mais là aussi, les rumeurs malveillantes exagérèrent un habitude de jeunesse et d'Emmanuel d'Astier de la Vigerie qui se désintoxiqua avant de se lancer dans la Résistance, selon ses dires. Dans "Le chagrin et la pitié", il avoue avoir été de ceux qui avaient mauvaise réputation dans les années 30, car ils avaient "fumé l'opium"... (L'écrivain et futur résistant Roger Vailland accepta lui aussi en 1942 de suivre une cure afin de perdre son goût pour les substances morphiniques les plus fortes, car il craignait que son intoxication puïsse être utilisée par la police française ou la Gestapo en cas d'arrestation. Yves Courrière en parle avec précision dans sa belle biographie de l'auteur de "La loi". Mais on s'éloigne de l'Indochine !)
Cordialement,
René Claude |