Au collège genevois dans les années 70 - qui était en gros l'équivalent du lycée français bac lettres -, j'ai eu d'excellents profs d'Histoire de sensibilités politiques différentes mais rassemblés par l'exigence de la rigueur. On apprenait d'abord une méthode grâce à laquelle on cherchait à lire une période et ensuite, une fois la méthode et les bases acquises, ils nous proposaient de débattre d'un point en petits groupes puis avec toute la classe. Mais, et ça n'est pas étonnant, les cours que j'ai préférés (j'étais pas le seul) étaient les cours dits magistraux où brillaient ces profs passionnés devant des élèves qui avaient fait le choix d'un enseignement poussé au point que je me suis ennuyé à périr à l'Uni en première année à la fin des 70's, mais c'est un autre débat. Une précision: j'avais choisi "sciences humaines" en option A (forte) au collège, "sciences humaines" et non plus Histoire, car les 70's furent la décennie des premières réformes qui n'ont pas cessé depuis, chaque chef du Dpt. de l'Instruction publique voulant prouver qu'il avait travaillé en pondant sa grande réforme invariablement remise en cause par son successeur, etc. Progressivement, on a bien senti que l'Histoire (ou les Sciences humaines) allai(en)t passer à la trappe car "on" avait décrété que son enseignement, quelque que soit sa forme, ne serait plus utile dans la formation des futurs citoyens et agents actifs de la société post-moderne programmée vers son auto-dissolution. Si "on" ne se ressaisit pas très vite, la génération de mon fils va connaître un méchant retour de bâton car l'ignorance civique - et l'apprentissage de l'histoire nationale fait partie au premier chef de la culture civique - profite toujours aux démagogues, aux intégristes et à tous ceux qui veulent la destruction de nos républiques ouvertes.
RC
PS: Je fais le parallèle entre l'abandon de l'enseignement de l'Histoire et la désaffection des jeunes générations pour la chose politique et les affaires de la Cité au sens noble. Les jeunes inscrits n'élisent plus leurs représentants. Résultat, on tourne avec les mêmes zélus par moins de 50% des inscrits et on conserve un personnel politique à bout de souffle et d'idées qui vit à l'aise d'un système de repasse-plats huilé au détriment du bien public, à gauche comme à droite. C'est la politique du centre mou basé sur le copinage. |