Eric Deroo et Antoine Champeaux dans leur article "La France, l'Empire et la guerre" (HdG n°4) soulignent la grande incertitude des chiffres en la matière, comme tout ce qui touche au printemps 40. Il n'est de plus pas évident du tout de distinguer les "indigènes" des "européens" au sein des troupes de l'Armée d'Afrique et de la "Coloniale". Ces réserves faites, quelques chiffres :
Mobilisés : environ 580 000 européens et indigènes (300 000 de l'Armée d'Afrique, 280 000 pour la Coloniale)
Engagés directement en mai-juin 40 : 185 0000 h (80 000 AA + 105 000 Colo)
Pertes estimées :
AA : 2200 à 5400 Indigènes tués selon les sources; 2700 Européens auxquels s'ajoutent au total 8800 blessés et 64700 prisonniers ou disparus.
Coloniale : 4500 tués au total, 25 500 blessés et disparus, 49 000 prisonniers (pas de distinction d'origine)
Si ces estimations sont justes, on peut conclure que la très grande majorité des effectifs issus de l'Empire et directement engagés sont mis hors de combat d'une façon ou d'une autre en mai-juin 40 (nombre d'unités de tirailleurs sont notamment capturées en juin après après avoir livré des combats retardateurs dans des positions désespérées) !
Pour la question 2, celle des exactions allemandes, le très édifiant article de Julien Fargettas (in Levisse-Touzé, La campagne de 40 chez Tallandier) cite de nombreux exemples; certains connus et documentés, d'autres certains mais sans que soient connues les circonstances précises (charniers) et d'autres encore simplement soupçonnés d'après témoignages. Parmi les cas cités, 106 exécutés, blancs et noirs, près d'Airaines; Plus de 60 Noirs et Nord-africains exécutés le 18 juin à Clamecy; une dizaine de tirailleurs du 25e RTS réfugiés dans une ferme (ainsi que le propriétaire) à Eveux le 20 juin, même chose à Fleurieux et à Lentilly, une cinquantaine de "Sénégalais" abattus par des automitrailleuses à Chasselay (tandis que les Européens sont obligés de rester allongés au sol à 20 mètres de là) sans compter les multiples cas d'exécution sommaires individuelles au sein des colonnes de prisonniers etc etc...
En revanche, aucun bilan total chiffré, même approximatif n'est donné (quelques centaines ? quelques milliers ?). Les mêmes écueils apparaissent pour la question des exactions contre les militaires britanniques (Paradis) ou les civils en Belgique ou en France (Deinze, Vinkt, Courrières, Oignies...). Les faits sont le plus souvent tout à fait avérés, mais le détail ou les circonstances exactes pas toujours bien établies. |