L’Histoire en flagrant délit de persévérance diabolique - Site personnel de F. Delpla, Historien 1939-45 - forum "Livres de guerre"
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La description du livre


Edition du 31 mai 2010 à 19h25

Site personnel de F. Delpla, Historien 1939-45 / François Delpla

 

L’Histoire en flagrant délit de persévérance diabolique de françois delpla le lundi 31 mai 2010 à 06h37




Chers usagers pleins d’usage et raison,


Le titre de cette lettre d’information n° 66 du site de François Delpla peut s’entendre de deux manières.

Il désigne un magazine connu et généralement estimé qui a commis une bourde dans sa livraison d’avril (la France déclarant la guerre le 3 septembre 1939 et la Grande-Bretagne le lendemain), a publié en mai un erratum hélas gravement fautif (les deux pays déclarant la guerre le 3 mais toujours la G-B après la France… alors qu’elle l’avait devancée de cinq heures) et a pris la décision, pour le numéro daté de juin, d’enterrer l’affaire plutôt que de s’humilier par un erratum sur l’erratum. Tant pis pour les étudiants influencés par cette publication, directement ou par l’intermédiaire de leurs enseignants : il y en a bien, statistiquement, un ou deux qui échoueront à un examen parce qu’un professeur n’admettra pas une telle erreur sur un point qui n’est pas mineur… surtout si l’étudiant, sûr de son fait, s’obstine. On se perd en conjectures sur les motivations d’une décision pareille : crainte pour le prestige du titre et le
niveau des ventes ? Désir d’épargner la réputation d’un prestigieux fautif ? Dans les deux cas on peut douter du résultat. Que l’information au moins circule le plus loin possible par le présent canal, auprès des candidats comme des jurys ! Et comme il n’est jamais trop tôt pour bien faire, la rectification que la revue devra bien effectuer un jour gagnerait à être mise en ligne sur son site dès réception de la présente.

Mais tout aussi diabolique est la persévérance d’un certain nombre de praticiens de la discipline historique dans des contre-vérités grossières sur les événements de mai-juin 1940, comme dans des silences bien peu justifiables sur des documents ou des analyses propres à renouveler le regard. La série d’articles commencée en rubrique « Lu » s’est beaucoup enrichie depuis la dernière lettre d’information et vous donnera bien des détails. Le dernier article en date porte sur une recherche que je vous recommandais la dernière fois comme l'une des plus innovantes, celle de Jean-Philippe Immarigeon .



Je ne développerai ici qu’un exemple, celui de la commémoration de l’appel du 18 juin, qui s’annonce à la fois en rupture avec toutes ses devancières, et pleine, dans ses remises en cause des simplifications militantes, d’erreurs et de demi-mesures, ou même d’aggravations des déformations. Je n’en veux pour preuve que la fameuse affiche « A tous les Français » destinée, par la propagande gaulliste de guerre, à se substituer à l’Appel. En effet, elle condamne explicitement le gouvernement Pétain alors que l’appel prononcé au micro comme celui, sensiblement différent, des journaux anglais du lendemain (devenu canonique… moyennant l’ajout d’une phrase en août !) ne le faisait qu’implicitement.

La première trace de cette affiche sur les murs de Londres remonte au 3 août 1940, comme en fait foi la presse de l’époque. Or les mémoires du Général (1954) la font apparaître en juillet… et un certain nombre de reproductions du temps de guerre y font figurer la date du 18 juin, comme s’il s’agissait de l’Appel, en bas à gauche (là où on trouve ordinairement la traduction anglaise… ce qui va de soi pour un texte affiché en Grande-Bretagne en temps de guerre). Si beaucoup de publications d’après guerre tendent à créer une certaine confusion entre l’affiche et l’appel radiodiffusé, notamment sur les plaques commémoratives apposées un peu partout en France, personne à ma connaissance n’avait, après 1945, reproduit à cette fin la version portant la fausse date. Or voilà qu’elle ressort cette année, sur un bloc philatélique édité par la Poste ! De même, sur le site of
ficiel de l’Appel du 18 juin, sous la responsabilité du ministre Hubert Falco, on peut lire ce festival d’ambiguïtés et d’inventions pures… dans un « kit pédagogique » qui plus est !

« Cette affiche a largement contribué à la diffusion de l’Appel durant la guerre. Elle a pu être placardée sur les murs des villes anglaises après la reconnaissance du général de Gaulle, par le gouvernement britannique, comme chef des Français libres, le 28 juin 1940. Tirée dans un premier temps à mille exemplaires, elle fit sur les murs de Londres une apparition d’abord discrète puis massive à la veille du 14 juillet. »

Tout bien réfléchi, on peut admettre la valeur pédagogique de cette prose, qui permet de comprendre mieux que par un long discours les intoxications médiatiques de notre époque, encouragées par des gouvernants qui n’ont peut-être même pas conscience de la fausseté de ce qu’ils colportent, sous une présidence qui n’accuse même pas réception du courrier.

Je rappelle au cas où mes travaux, ou encore ceux de Jean-Louis Crémieux-Brilhac, ne seraient pas connus du lecteur, qu’il ne s’agit pas, en écrivant aujourd’hui une histoire scientifique des débuts du gaullisme, de relayer les proses qui, jusqu’en 1990, ont été les seules à mettre en doute le récit consacré, à savoir les proses pétainistes. Cet effort tend bien au contraire à dégager une réalité plus belle que la légende, en montrant que de Gaulle avait bel et bien dès le début l’intention de dénoncer publiquement Pétain dans les termes les plus durs et en a été empêché par la censure britannique, elle-même induite par l’opposition de Halifax et d’une partie importante du cabinet à la volonté de Churchill de continuer la guerre quoi qu’il advînt.

C’est un mois de juin bien intéressant qui s’annonce !
Cf. rubrique « actualités »

Montigny le 29 mai 2010

François Delpla



PS : le silence de l’Elysée reste complet :

J'ai aussi mis en ligne mon intervention au colloque du 29 octobre dernier sur les lois mémorielles :

Une pièce de plus dans le dossier des crimes allemands qui passent pour purement miliciens : la plaque de rue sur le couple Basch dans le quatorzième arrondissement de Paris

En cas d’affichage fantaisiste, retrouvez ce texte ici :
Le forum tend à s’animer. Voir notamment le débat sur l’arrêt devant Dunkerque, tellement animé qu’il provoque des sanctions :

Enfin n'oubliez pas de vous abonner toujours plus nombreux à Histoire(s) de la Dernière guerre, dont le numéro 5 cause entre autres des "Débuts chaotiques du gaullisme".

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