L'ex-anonyme, outre de
prêter à des historiens des propos qui ne sont pas les leurs, ou de
falsifier carrément leurs écrits (
je ne suis pas le seul à l'avoir constaté), use d'une autre méthode de manipulation usée jusqu'à la corde : faire croire qu'il aurait réfuté les propos de ses contradicteurs, ce qui, malheureusement pour lui, n'a jamais été le cas. J'ai déjà eu à qualifier ce procédé de "syndrome du Chevalier noir".
Son message ci-dessus en constitue un excellent exemple, qui confirme que la rhétorique de l'ex-anonyme tient à la fois de la mythomanie et, en toute hypothèse, de l'escroquerie :
"A la suite de mon message "C'est un plaisir de vous répondre" il m'a été reproché de ne pas citer mes "sources". J'ai donc voulu le faire et pour rendre celles-ci inexpugnables je les ai tirées de messages envoyés par mon contradicteur lui-même, Nicolas Bernard et, plus spécialement, de son message intitulé "Totalement délirant". C'est Oberg lui-même (et en outre cité par Nicolas Bernard) qui vient à l'appui de ma thèse d'un rôle d'esquive de Vichy relayé par les SS de Paris (Oberg et Knochen)en matière d'arrestations des Juifs de France."
Il est pour le moins stupéfiant que l'ex-anonyme prétende que
mon article du 2 décembre intitulé "Totalement délirant" servirait ses desseins, dans la mesure où ledit article réfutait totalement la théorie de l'ex-anonyme selon laquelle Vichy aurait mené une politique antisémite censée lui permettre de sauver les Juifs français (!) en sacrifiant les Juifs étrangers (
ce qui était faux), et que René Bousquet aurait, dans cette optique, réussi à impressionner Heydrich en mai 1942 de manière à conserver la mainmise française sur une police nationale -
ce qui était faux - qui, en l'absence d'une telle "stratégie" vichyste, aurait été contrainte d'obéir
"au-to-ma-ti-que-ment" à l'occupant pour effectuer ses rafles -
ce qui était faux.
L'ex-anonyme répète constamment que René Bousquet aurait remporté un fantasmatique succès contre Reinhard Heydrich à l'occasion de sa rencontre avec ce dernier en mai 1942. Mais quel succès ? Voici ce qu'écrivait notre vichyste ex-anonyme le
10 décembre 2009, non sans lyrisme :
"Ce 7 mai 42, quand Heydrich rencontre Bousquet à l'hôtel Ritz, à Paris, il se passe une chose extraordinaire, une de ces choses qui n'arrivent que dans les plis de l'histoire, parfois si surprenante. Heydrich vient à Paris installer Oberg à la place du MBF pour déporter les juifs français vers les chambres à gaz de Pologne et traite son interlocuteur de très haut. Il ne vient pas pour négocier mais pour ordonner. Les Français doivent obéir. Or, loin de se dégonfler, Bousquet lui rétorque de même : "Dans ces conditions vous mettez fin à mes fonctions". Et faisant mine de se fâcher, il entre dans des reproches à son tour. "Moi qui n'approuve pas votre régime, moi qui ne suis qu'un fonctionnaire français, je vous dis que vous faites fausse route..." Et c'est le miracle! Heydrich répond : "M. Bousquet, vous êtes un Homme, et vous m'avez ému. Mais que me conseillez-vous ?" Etc. Bref, Heydrich se laisse convaincre de rendre son autonomie à la police de zone occupée et après tout s'enchaine."
Or, la déposition de Karl Oberg dément catégoriquement ce mauvais roman :
Heydrich était désireux de ne pas prendre les commandes de la police française et cette décision avait été prise avant de rencontrer Bousquet. Contrairement à ce que prétend l'ex-anonyme, Heydrich était donc venu pour négocier, pas pour ordonner, et ce
parce qu'il ne pouvait pas ordonner.
Ce qui n'empêche pas l'ex-anonyme d'écrire, sans sourciller :
"C'est Oberg lui-même (et en outre cité par Nicolas Bernard) qui vient à l'appui de ma thèse d'un rôle d'esquive de Vichy relayé par les SS de Paris (Oberg et Knochen)en matière d'arrestations des Juifs de France."
Bref, l'ex-anonyme déforme - sciemment - la signification d'un témoignage, de manière à recycler un bobard déjà réfuté, et ce pour prétendre mensongèrement avoir réfuté mes arguments, sans répondre à
mes questions. Pas de surprise. L'ex-anonyme
n'a-t-il pas nié l'authenticité du Journal d'Anne Frank et
falsifié les écrits de Serge Klarsfeld ?