Outre que la "résistance" soviétique à l'été et à l'automne 1941 ne fut pas un facteur déterminant sur la vitesse des Panzers (les Panzergruppes ne se sont pas arrêtées à cause des résistances, mais parce qu'elles avaient des problèmes de ravitaillement, donc la comparaison me paraît valable), le problème est technique :
Les plans allemands pour Félix (établis à l'automne 1940, ce qui invalide la théorie du "grand saut" dès juillet 1940 puisqu'à cette date l'OKH n'a rien sur Gibraltar) prévoyaient un transfert en 8 à 10 semaines.
Mais ce transfert était limité aux forces nécessaires à l'attaque de Gibraltar (l'équivalent de 4 régiments + les batteries et le soutien), et non à des forces supplémentaires pour attaquer le Maroc (il faudrait plusieurs corps d'armée).
Et très tôt la planification s'est heurtée à deux problèmes :
1) l'impossibilité d'un assaut aéroporté façon Eben Emael : Gibraltar est un roc "planté" dans la mer (il faut y être allé pour réaliser ce que c'est, mais qui y est allé ?), creusé de galeries souterraines et défendue par de nombreuses batteries lourdes de marine pouvant aussi battre le Nord, seule zone de contact avec le continent. Les allemands prévoyaient d'ailleurs une attaque avec des Gebirgsjägers et non des Fallschirmjägers, et surtout du génie d'assaut (Sturmpionnier).
2) Le problème de l'artillerie : il faut des mortiers lourds, or à cette date, les allemands n'ont que des Mörser M18 de 21cm en nombre suffisants. Et ces pièces (très) lourdes ne peuvent qu'être tractées en deux convois par des Famo (ce qui invalide l'hypothèse d'un mouvement à cheval, en éléphants...).
Pour être précis, ils avaient aussi quelques K5M mais ces canons sur rail de 150mm n'étaient pas au point et furent retournés à Krupp après la campagne de France...
Les nouveaux plans de 1941 vont avoir recours aux mortiers lourds récupérés un peu partout (notamment les quelques Skoda de 380mm de l'ex-armée austro-hongroise dont les allemands avaient apprécié les qualités en 1914 contre les forts de Liège ou en 1917 à Caporetto), et SURTOUT les nouveaux matériels sur chenille ou rail produits à partir de l'automne 1940 (Karl-Gerät, K12, Siegfried etc...).
Et là GROS problème : le grand viaduc de la ligne Hendaye-Irùn n'est pas suffisamment solide. Les plans allemands prévoient donc une reconstruction préalable (les études ont montré qu'un simple renforcement n'était pas suffisant car la construction ou reconstruction, avait été mal faite).
Donc cela revient à ce que je disais, pour prendre Gibraltar, il ne suffit pas de déplacer les divisions et les batteries comme "des pions" sur une carte,il faut reconstruire tout un réseau ferré et routier...
Et fin juin 1940, la wehrmacht, exsangue, n'en était pas capable en quelques jours.
Je rappelle l'affirmation de mes contradicteurs :
L'Armistice de juin 19410 a sauvé l'AFN car sinon les allemands l'auraient conquises en deux mois...
Si mes calculs sont bons, rien que pour arriver au pied de Gibraltar en décembre 1940 (date prévue de l'attaque), il fallait selon les officiers d'état-majors allemands : 8 à 10 semaines (et tout le monde sait que les "bandes-rouges" étaient des crypto-communistes ou des gaullistes cachés, comme les services préfectoraux de Vichy...), et sans canons lourds face aux batteries de 9.2 inch de marine britanniques...
or, l'effort de reconstruction d'une voie logistique réalisé en 1941 en URSS, après un an de préparation et de renforcement, sur une distance comparable et qui a échoué, nos amis supposent que la Wehrmacht pouvait le faire avec moins de moyens, sans reconstituer ses unités après une campagne difficile, et dans un environnement aussi adverse (l'Espagne de 1940 est encore moins équipée que la Biélorussie ou l'Ukraine de 1941 en terme de voie ferré ou de routes)...
Chacun jugera je pense...
CM qui n'en a pas fini avec ses recherches... |