Nicolas Bernard ne s'en rend même pas compte. écrivez vous. Peut être devriez vous être plus prudent.
Aron penserait donc en 1945 "Les juifs on pressentait qu'ils connaissaient des conditions d'existence très dures, mais l'extermination systématique de tout un peuple, ça, non, on ne l'imaginait pas." Donc à moins d'être atteint d'amnésie, ce qu'il n'imaginait pas en 1945, il ne l'imaginait pas non plus en 1942 quand Anne Frank écrivait : "Nous n’ignorons pas que ces pauvres gens [les Juifs raflés] seront massacrés. La radio anglaise parle de gazages ["De Engelse radio spreekt van vergassing"]... Peut-être est-ce encore le meilleur moyen de mourir rapidement. J’en suis malade..."
Nicolas peut donc écrire "Anne Frank, dans sa mansarde d'Amsterdam, était semble-t-il mieux informée et plus lucide que le Raymond Aron de 1942" puisque celui de 1945 n'est pas moins lucide qu'avant.
Mais moi j'y mettrais un bémol. Aron ne dit pas qu'il n'était pas au courant des gazages, et Anne Frank ne dit pas qu'elle comprend que c'est le sort qui attend tout un peuple et que les rafles visent à les éliminer tous.
Aron dit, il me semble, que c'est tellement énorme, cette extermination de tout un peuple, que c'est au delà de ce que sa raison lui permettait d'admettre comme vrai. Il ne dit pas qu'il est incapable d'imaginer des massacres, des gazages et toute cette sorte de choses qui devrait interdire d'y participer. |