Bonsoir,
Benoist-Méchin se serait-il laissé aller dans sa relation de la journée du 10 juillet 1940 lorsque Laval s'active, sur tous les fronts, pour convaincre les parlementaires. Ainsi, écrit l'historien, Laval obtient de la Commission un avantage énorme. Mais il le fait avec tant de bonhomie et de discrétion qu'aucun des parlementaires présents n'aperçoit son importance. Incidemment, il informe ses interlocuteurs que le Maréchal, une fois chargé de promulguer une nouvelle Constitution, s'attribuera à lui-même le pouvoir législatif.
Benoist-Méchin ajoute, citant Robert Aron : D'un coup feutré, mais précis, écrit Robert Aron, Laval vient d'accroître démesurément la portée de son texte constitutionnel. Au lieu de se borner à conférer au Maréchal le pouvoir constituant, l'acceptation de la Commission y ajoute, sans restriction, les pleins pouvoirs exécutifs et législatifs.
Et l'historien de conclure : Ainsi, par cette ultime disposition, le vote de l'Assemblée donnera au Maréchal les droits d'un monarque absolu. Désormais, que la Constitution soit promulguée ou non, qu'elle soit ratifiée ou non, Pétain peut tout faire en se prévalant de l'accord de l'Assemblée Nationale. C'est là - et non la défaite, comme on l'a prétendu - ce que Maurras appellera "la divine surprise".
C'est bien Benoist-Méchin, fidèle parmi les fidèles qui écrit cela au Tome 3, page 235.
Bien cordialement,
Francis. |