L'antisémitisme de Vichy a été bien plus utile pour les Juifs qu'une défense tous azimuths ou une neutralité vis à vis de la comunauté juive de France ne l'eûssent été.
Qui peut croire raisonnablement que les Allemands auraient toléré de la part de ce gouvernement déjà coupable de lui refuser Dakar et Bizerte, Alep et Oran, sa flotte, les chemins de fer et les aérodromes d'AFN, coupable aussi d'avoir débarqué Laval le 13 décembre 40 au moment d'une négociation visant à la reconquête des colonies disidentes, qui peut croire qu'il eût accepté en outre l'insolence de ne pas partager son antisémitisme obsessionnel si essentiel à son projet politique ?
Eberhardt Jäckel nous fournit la preuve qui nous manquait jusqu'à lui. Car Hitler, lui-même, s'est exprimé dans des derniers mois de sa vie. "Notre plus grosse faute fut vis à vis de la France. Abetz nous a entrainé dans une voie qui s'est révélée une impasse et nos n'aurions pas dû l'écouter" ...etc, dit-il, dans les "Bunkergespräche" consignés par Martin Bormann. L'axe Laval-Abetz fut essentiel à ce sort "relativement plus clément" dont parle Poliakov. "Der alte Fuchs" fut bien plus adroit qu'on ne le croit généralement et il a parfaitement joué sa partie. |