Rawa-Ruska et Patrick Desbois - LA CAPTIVITE - forum "Livres de guerre"
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LA CAPTIVITE / Yves Durand

En réponse à
-1Question de Christian Favre

Rawa-Ruska et Patrick Desbois de Francis Deleu le jeudi 10 décembre 2009 à 19h41

Bonsoir,

Rawa-Ruska, un mot qui fut à l'origine de la démarche de Patrick Desbois. Laissons-lui la parole car tout est suggestion :
Et puis, il y avait un mot, un nom pas comme les autres: Rawa-Ruska. On m'avait dit que mon grand-père y avait été emmené pendant la guerre. Comme d'habitude, je cherchais à comprendre. Un jour, je lui adressai cette interrogation terrible: « Grand-père, est-ce que tu as tué des gens ? » Je me disais que s'il ne me parlait pas, c'est qu'il avait dû faire quelque chose de mal. Sans même se retourner, il m'a juste répondu : « Non. » Je ne savais pas combien le malheur de la déportation pouvait isoler, combien il devait penser que l'on ne pouvait pas comprendre, à Chalon en 1970, ce qui s'était passé là-bas en 1942. Je ne savais pas combien un être pouvait se sentir sali après avoir traversé l'horreur.
Et puis un jour, un matin d'été, assis à ses côtés dans le petit camion gris, j'ai insisté, tellement insisté qu'il m'a raconté ses trois évasions. J'avais sept ans.
Pour sa troisième évasion d'un camp, des copains l'avaient aidé en tapant dans leur sabot pour provoquer du chahut au moment où il avait sauté dans un fourré. Si les deux premières tentatives d'évasion avaient échoué, la troisième avait réussi. Arrivé à la gare de Strasbourg, en Alsace annexée à l'Allemagne, il avait voulu acheter son billet de train pour rejoindre son épouse et son fils à Chalon-sur-Saône. Il avait demandé son ticket au guichet de la gare en allemand. La guichetière lui avait répondu en français. Mon grand-père a marqué un silence: « À ce moment, j'ai su que j'étais perdu. Elle allait me dénoncer! Je n'ai même pas pu aller jusqu'au train. La Gestapo m'a arrêté. Direction Rawa-Ruska. » Et puis, mon grand-père s'est tu. Après... Il n'y avait plus d'après. Le silence de mon grand-père, d'habitude si rieur, était lourd de sens. Ce silence avait un nom: Rawa-Ruska.

J'avais essayé plusieurs fois, lors d'un repas dominical où il n'était pas là, de poser des questions. Dès que je prononçais Rawa-Ruska, tout le monde se mettait à pleurer, surtout Marie-Louise, ma grand-mère. Rawa-Ruska résonnait comme une douloureuse énigme familiale. Quel nom bizarre! Je ne savais même pas dans quel pays était Rawa-Ruska. C'était nulle part. Impossible à situer, était-ce en Russie, en Pologne ou ailleurs ? Une seule fois, il avait lâché ces quelques mots : « Pour nous dans le camp, c'était difficile; il n'y avait rien à manger, on n'avait pas d'eau, on mangeait de l'herbe, des pissenlits. Mais pour les autres, c'était pire! » Cette phrase s'est inscrite dans ma conscience d'enfant à tout jamais. Je comprenais qu'il ne pouvait pas en dire plus. Mais qui étaient « les autres » ?
"Les autres" ? C'est ce que le Père Desbois chercha à savoir.

Bien cordialement,
Francis.

*** / ***

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