L'ex-anonyme multiplie les apories. Je compte, un jour, les recenser.
Et de nouveau, il vient de se contredire.
Au fait.
"Vichy, écrit l'ex-anonyme,
espérait sauver les Juifs de la déportation en Pologne où les nazis prétendaient les installer. Cette déportation était en elle-même un préjudice important mais beaucoup moins grave pour des juifs étrangers récemment installés dans notre pays que pour des nationaux souvent très assimilés." L'anonyme ajoute :
"Après tout, on peut être heureux ailleurs qu'en France, surtout si on n'y est pas né."
Bref, sur ce fondement (les étrangers sont mieux à l'étranger),
"cela vous explique le troc de Bousquet du 2 juillet 42 : Juifs étrangers arrêtés (d'où les rafles de juillet et d'août 42) contre Juifs français non inquiétés." Et donc,
"il ne serait pas injuste de le compter [Laval]
comme Juste entre les Nations".
Or donc, soutient l'ex-anonyme, la déportation en Pologne n'est finalement pas si préjudiciable, est
"beaucoup moins grave" pour les Juifs étrangers, car,
"après tout, on peut être heureux ailleurs qu'en France, surtout si on n'y est pas né". Bref, si Vichy agit, c'est finalement par volonté de laisser les Français en France, et les étrangers à l'étranger, et rend ainsi service aux uns (ils restent en France, les chanceux) et aux autres (ils repartent à l'étranger, les chanceux).
Je ne m'attarderai pas sur l'intérêt évident que de telles assertions soulèvent quant à la mentalité de l'ex-anonyme. Je ne vais pas chercher non plus à m'interroger sur le fait que ces étrangers que l'on achemine en Pologne pour les y
"installer" viennent pour la plupart d'autres pays que la Pologne, ce qui peut poser problème à l'ex-anonyme qui semble considérer qu'un
"national" est davantage heureux dans son pays natal.
Or donc, en fait, je m'interroge.
Car parallèlement, l'ex-anonyme
nous a soutenu qu'
"il importait fort à Vichy que toutes ces vilaines choses que vous évoquez (la faim, la maladie, les balles ...)n'atteignent qu'un minimum de gens que Vichy, loin de se laver lâchement les mains de toute compromission, préféra entrer en négociation", sachant qu'il était question, précisément, de ce que pouvait signifier à l'époque, et
a minima,
la déportation en Pologne.
En d'autres termes, l'ex-anonyme prétend que Vichy a cherché à sauver les Juifs d'un sort funeste qui est précisément, la mort (
"toutes ces vilaines choses que vous évoquez"), puis nous explique tranquillement qu'en définitive, Vichy a contribué à déporter des Juifs étrangers car
"on peut être heureux ailleurs qu'en France, surtout si on n'y est pas né".
Ce faisant, il commet une nouvelle contradiction.
Par ailleurs, l'ex-anonyme écrit que
"ceci explique également comment la machine à broyer les Juifs allemande a dû passer par les dénaturalisations pour remplir son office meurtrier. Le mérite de Laval fut d'utiliser maints stratagèmes pour contrarier cette politique".
En réalité, Laval était sur le point de procéder aux dénaturalisations, mais
les défaites subies par l'Axe l'ont dissuadé d'aller plus loin. Mais passons.
Car l'ex-anonyme commet une contradiction supplémentaire : selon lui,
"on peut être heureux ailleurs qu'en France, surtout si on n'y est pas né", et
"cela vous explique le troc de Bousquet du 2 juillet 42 : Juifs étrangers arrêtés (d'où les rafles de juillet et d'août 42) contre Juifs français non inquiétés" - autrement dit, Vichy chercherait à protéger les Juifs nés en France (protéger, selon vous, au sens de : faire rester en France).
Mais un Juif naturalisé n'est pas né en France, lui, puisque par définition il est né à l'étranger et a bénéficié de l'octroi de la nationalité française postérieurement à son entrée sur le territoire français. Pourquoi, en ce cas là, Laval se serait-il acharné à le défendre, puisque l'ex-anonyme nous écrit benoîtement qu'
"on peut être heureux ailleurs qu'en France, surtout si on n'y est pas né" ?