Bonjour,
Lorsqu'un historien interprète un texte en fonction de la thèse qu'il défend, ses lecteurs n'ont d'autres ressources que de lui faire confiance. Souhaitons que grâce à Internet, l'historien renverra au texte étayant sa thèse autrement que par une cote d'archives comme "AN xyz123" mais par "http:/...." où il sera loisible pour le lecteur d'en prendre connaissance
Il arrive aussi que des historiens publient un extrait du texte en question ..... extrait soigneusement choisi et parfois tronqué de phrases ou de mots qui iraient à l'encontre de leurs affirmations. Ainsi, Marc Ferro dans sa biographie de
Pétain, prend Robert Aron en flagrant délit de manipulation.
Comme l'écrivait l'un de nos hôtes Ldégistes, Robert Aron est un historien très complaisant à l'égard de Vichy, dont les travaux sont manifestement périmés depuis des décennies. Lorsque l'on sait que la monumentale "
Histoire de Vichy", publiée à plusieurs centaines de milliers d'exemplaires, fut la Bible incontournable de toute une génération d'historiens et probablement à l'origine du syndrome de Vichy,
un passé qui ne passe pas, posons-nous la question sur la probité de l'historien.
Un exemple de manipulation à propos de ce que Robert Aron désigne comme le
Diktat.
Au lendemain de Mers el-Kébir, l'Allemagne aurait demandé au gouvernement français son appui "
pour poursuivre d'une manière efficace sa lutte contre l'Angleterre" en mettant notamment à sa disposition les terrains d'aviation du Maroc et le chemin de fer de Tunis à Rabat.
Quelle fut la réponse de Vichy telle que reproduite par l'historien:
Je suis fondé de croire [écrit Pétain] que les demandes du gouvernement allemand placent le gouvernement français devant une situation entièrement nouvelle et posent des problèmes dont l'ampleur et la gravité dépassent la compétence de la commission de Wiesbaden. J'estime que seule une négociation peut apporter une solution à ces problèmes.
Et Robert Aron de conclure:
Décision révélatrice, elle montre que Vichy simultanément ne veut pas résister ouvertement au Reich et est décidé, coûte que coûte, à préserver l'empire d'une mainmise nazie.
Mais, Aron a omis de reproduire le dernier paragraphe du texte adressé à Hitler :
En exprimant cet avis, je pense que mon pays peut faire entendre utilement sa voix. J'ai le désir sincère qu'après tant de dissentiments nos pays parviennent à mieux se comprendre.
En coupant ainsi la citation, Aron fait croire à ses lecteurs que ce texte signifie la volonté de "ne pas résister ouvertement et de préserver l'empire" alors que la dernière phrase manifeste le désir d'ouvrir une négociation sur un terrain plus large, celui de la collaboration.
C'est ainsi d'ailleurs que les Allemands le comprennent.
Montoire n'est pas loin !
Bien cordialement,
Francis.