Vous écrivez que "même ainsi c'est en France qu'il y eut le moins d'enfants juifs déportés" : à supposer l'affirmation établie, je me demande quelle disposition légale ou réglementaire justifierait, dans une telle hypothèse, l'attribution d'une médaille à nos responsables de l'époque pour un tel exploit...
Vous me demandez également : "Si vous pensez que Vichy aurait dû laisser les Allemands déporter tous les Juifs de France sans rien tenter en leur faveur pour ne pas être associé à cet opprobre, dites le franchement." Si Vichy n'avait pas apporté aux Allemands un appui administratif, humain et logistique, les déportations de Juifs n'auraient jamais revêtu une telle ampleur. A supposer même que les nazis les eussent mises en oeuvre.
Par ailleurs, les nazis n'ont pas contraint la police française à agir. Ils recherchaient au contraire activement sa coopération, parce qu'ils avaient besoin de cette force de répression. Comme le dira Oberg, "Heydrich a fait part de ses expériences en Tchécoslovaquie et conclu qu'une large autonomie de la police et de l'administration aboutirait aux meilleurs résultats" (il l'a même révélé à Bousquet le 5 mai 1942 !). Comme le fait remarquer Serge Klarsfeld (Vichy-Auschwitz. La Solution finale de la Question juive en France, Fayard, 2001, p.42), les responsables S.S. cherchaient à "atteindre des objectifs plus réalistes dans la Question juive en évitant, tant qu'ils le pourr[aient], l'affrontement avec Vichy, tout en s'appuyant sur l'engagement de la police fraçaise". |