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L’État français n’est pas Vichy. de Untel45 le samedi 21 novembre 2009 à 22h32


Alors que nous sommes en 2009, je remarque toujours avec tristesse que des docteurs en histoire (tel que Laurent Joly, auteur de l’ouvrage « Vichy dans la « Solution finale »), des journalistes, etc., utilisent le nom d’une ville pour évoquer le Gouvernement de Pétain, son administration ou, tout plus simplement : l’État français. Les hommes politiques ne font pas mieux, par exemple, Franck Girard (UMP), député de l’Eure a utilé « Vichy » pour falsifier l’Histoire afin de maltraiter la gauche comme ayant été collaboratrice (un amalgame de Vichy et de la gauche). Par ailleurs, partout dans des forums, livres, journaux ; sur des radios, à la télévision, etc., nous pouvons lire ou entendre « parce que Vichy » ou « les hommes de Vichy » voire constater que l’on confond (volontairement ou non) « Vichyssois et Vichystes »...
Il faut peut-être sans cesse rappeler que cette ville de la zone libre, qui avait été réquisitionnée, entre autres choses, pour de son infrastructure et de ses nombreux hôtels, est trop souvent nommée négativement au grand désespoir de ses habitants et des citoyens vivants en Allier. Étant moi-même Bourbonnais (habitants de l’Allier, l’un des département de la région Auvergne) je suis bien placé pour savoir que les Vichyssois subissent souvent des agressions verbales lors de différents à cause de l’ignorance (ou non, et c’est plus grave !) de ceux qui prononcent « Vichy » pour parler de la collaboration.
Les habitants de Vichy n’ont pas été plus que d’autres Français des collaborateurs, Vichy n’avait d’ailleurs pas le monopole de la collaboration, bien des villes pourraient la dépasser dans un tel classement et ses habitants n’ont pas, plus que d’autres Français, à être accusés de tous les maux. C’est aussi l’ensemble des Bourbonnais qui sont touchés alors que leurs familles ont été, bien plus qu’ailleurs, les otages d’un gouvernement inique.
Tout le département de l’Allier est d’autant plus mortifié que même si, le 10 juillet 1940, c’est au grand casino de Vichy que 570 parlementaires se sont déshonorés, il faudrait aussi se souvenir que 80 des parlementaires, des hommes courageux ont refusé, lors du vote immonde pour les pleins pouvoirs à Pétain, cette trahison à la France. Parmi ces fils abandonnés par la République mourante, se trouvaient trois élus sur les cinq que comptait l’Allier dont le ministre du Front Populaire, Marx Dormoy (SFIO), sénateur et maire de la plus importante ville de l’Allier en nombre d’habitants, Montluçon, aussi la deuxième ville d’Auvergne. Ce ministre payera alors le prix de ses positions en mourant le 26 juillet 1941 à deux heures du matin par l’explosion d’une bombe placée sous son oreiller. Après avoir été en résidence surveillée, il avait été déplacé « libre » à Montélimar. Mais cette liberté était un piège car on l’envoyait au danger dans une ville hostile. Ce crime politique est maintenant élucidé, il est reconnu comme étant le premier crime fasciste commis sur le territoire français. Il y avait aussi Isidore Thivrier (SFIO) et Eugène Jardon (PCF). L’Allier, petit département, compte encore un bon nombre de résistants et quelques Compagnons de la Libérations : Bidault, rédacteur en chef du journal clandestin Combat puis membre du Conseil de la Résistance avant d’en devenir le président ; Bonvin ; Chavenon , Tassin de Saint-Péreuse appelé plus simplement, Saint-Péreuse de l’escadrille Bretagne ; Michard du 501e RCC qui est entré avec Dronne dans Paris)…
Alors, peut-être faudra-t-il en venir à faire voter une loi pour faire comprendre aux citoyens qu’il est grand temps de mettre fin à la caricature de « Vichy », terme simpliste mais percutant pour qui veut faire de l’audience et/ou du fric sur un sujet où sur le dos de la collaboration pourtant, la ville de Vichy est tout de même redevenue républicaine en même temps que tout le territoire il me semble !
Il faut repenser la façon d’évoquer l’État français, ce régime fondée sur le culte de la personnalité construit autour de Pétain et de ses pleins pouvoirs, un système appuyée par la « Révolution nationale » où « Travail, Famille, Patrie » se traduisait par des mesures autoritaires comme la dissolution des syndicats et l’interdiction du droit de grève... Moi, simple citoyen montluçonnais, je suis donc, de fait, aux côtés du député Gérard Charasse de Vichy (un radical de gauche) qui même un dur combat pour dire que l’on doit cesser d’employer sur des monuments, dans des allocutions ou lors des commémorations « Vichy » à la place de « État français ».
Monsieur Jacques Ghémard m’avait, il y a déjà pas mal de temps, dit que « l’emploi du nom « Vichy » persistera inévitablement pour désigner le système qui, de 40 à 44, dirigeait la France et une partie de plus en plus réduite de son empire. Ce qui est déjà imprimé le restera » et il ajoutait « que l’on ne peut qu’assumer les conséquences de l’Histoire, et à tout prendre, il vaut probablement mieux s’appeler Vichy que Dachau ». Je lui réponds qu’avec le temps beaucoup de changent, même les textes encore faut-il un moment en changer l’écriture.
Vichy, Berchtesgaden et d’autres villes n’ont pas été gâtées par le destin et il faut bien dire que nous ne faisons pas grand-chose pour les aider… Alors, lorsque j’entends des membres du Souvenir français où des notables évoquer « Vichy », j’enrage.
Comme je l’écris de façon bien personnelle à la fin de l’ouvrage que j’ai consacré à un pays (« Louis Michard, pour aller délivrer mes frères »), « les livres et les écrits sont comme les humains, périssables ; seules les idées qui en ressortent comptent vraiment car, éternelles, elles dirigent nos consciences ».
Non, le combat pour cette cause reste très honorable, nous avons de bons exemples dans « Ceux qui ont aidé de Gaulle ». Eux, savait sans doute que lorsque tout est perdu, il reste encore le courage… Çà et là, je continuerai donc de parler et d’écrire sur ce sujet en espérant trouver des citoyens qui suivront le même chemin que les députés Charasse, Lesterlin (PS). Petite cause, peut-être… la lecture de l’Histoire me fait dire que les bonnes ont presque toujours été défendues par une minorité de citoyens.

Bien amicalement et mes félicitations suivies de mon admiration pour ce forum.
Adrien Bélanger (qui se fait parfois appelé Untel45 ou Adrien45, je m’y perd…)
PS : Messieurs les modérateurs, je vous laisse libres d’inclure ou pas ces écrits.

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