... Hossbach ne s'est pas contenté de révéler le contenu de la conférence à Beck, après avoir communiqué les minutes aux autres protagonistes. Il la mentionnera également au Generalmajor Rudolf Schmidt, qui commande alors la 1. Panzer-Division. Or, le frère de cet officier, Hans-Thilo Schmidt, membre de l’Office de la Recherche du Reich (Forchungsamt), organisme chargé des écoutes radio, téléphoniques et radiogoniométriques, est un agent travaillant pour les services secrets français. Il leur communiquera rapidement ces informations explosives.
De fait, sept jours après la conférence de la Chancellerie, le colonel Rivet, chef des services de renseignements et de contre-espionnage de l’armée (1936-1944), rencontre Daladier pour lui évoquer cette affaire. Le politicien français manifeste son indifférence, et recommande à Rivet de se charger plutôt de "cuisine intérieure" : les problèmes frontaliers soulevés par la guerre d’Espagne, le Parti communiste, etc.. Voir à ce propos Pascal Krop, Les secrets de l’espionnage français, Payot et Rivages, 1995.
Ce n’est pas tout. Quelques jours après la conférence, le 23 novembre 1937, Göring expose à l’ambassadeur des Etats-Unis en France, William Bullitt, les revendications nazies sur l’Autriche et les Sudètes. Comme il est exclu qu'il ait agi sans l'aval du Führer, l'on pourrait en déduire que ce dernier a cherché à brûler ses vaisseaux, tout en tâtant le terrain, en l'occurrence en approchant une grande puissance certes, mais surtout isolationniste et éloignée de l'Europe, d'autant que l'initiative du futur Reichsmarschall pouvait passer pour une action isolée, que le dictateur aurait toujours la faculté de désavouer. |