Cher Jacques,
C'est avec beaucoup d'émotion que j'ai découvert pour la première fois la relation précise des derniers événements auquels a participé mon grand-père.
Je n'ai plus guère de contact avec ma famille et je ne sais rien de la personnalité de cet homme. Grâce à vous je sais ce qu'a pu être la fin de sa vie.
Ma grand-mère qui ma élevée et que j'adorais me disait simplement qu'il était batailleur... et souvent absent.
Elle ne répondait jamais aux questions relatives à son passé ou à celui de son homme.
Elle avait vécu des choses très difficiles en Pologne tant avec les Nazis qu'avec les Russes et par prudence maladive préférait taire ses secrets.
Pour mieux comprendre : en 1975, alors que naïvement je lui disais avoir vu un navire Soviétique ancré dans la rade de Villefranche, elle s'était mise à stocker pendant plusieurs jours des conserves de toute sorte... et à préparer un vieux manteau contenant de menus trésors cousues dans la doublure, prête à l'exode, une fois de plus.
J'ai donc un jour écrit à Aubagne et reçu quelques fac-similé des états de services du légionnaire oublié de tous: Michel Sobaski.
Je n'ai pas d'informations plus personnelles sur lui... tout le monde l'a oublié et ma chère grand-mère est partie avec ses secrets depuis longtemps maintenant.
Beaucoup d'émotion donc en lisant les noms de ces lieux - Baisse de Ventabren, Tête de la Secca, Vallon de Cairos, Colla Bassa, Plan Cavai et l'ouvrage de la Béole...- que je connais fort bien pour m'y rendre souvent car ces lieux isolés sont magnifiques.
J'ai même bivouaqué en avril de cette année à la Bèole, la neige était là.
Je ne savais pas que je marchais si près des traces de mon aieul et d'une certaines manière de mes racines.
Qui était cet homme?, un voyou, un aventurier, un guerrier, un idéaliste... je n'en ai pas la moindre idée.
Il déclarait être né à Kurnik (Kórnik), en Pologne en 1900.
Engagé dans la Légion à Roubaix (59) en 1931, il participe à de multiples Campagnes en Algérie de1931 à 1936 et j'ai en ma possession un Certificat de Bonne Conduite (!) en date du 1er avril 1936 sous le matricule 28713 (19e Corps d'Armée, Division d’Oran, 22è Brigade d’Infanterie commandé par le Lt Colonel Azan)
Entre 1936 et 1939 : mystère.
Pour 1939, j'ai la copie d'un document délivré à Roubais et curieusement manuscrit.
Il est intitulé "ACTE D'ENGAGEMENT POUR LA DURÉE DE LA GUERRE (TITRE ETRANGER) N° de registre 3433 en date du 4 octobre et dans lequel il attestait -"ne pas être déjà lié au service dans l'armée française, ni dans l'active, ni dans les réserves"-
Ensuite, je commence à ne plus bien comprendre.
Il aurait été incorporé au 11° R.F.I. le 7/10/1939, puis fait prisonnier près de Toul le 23 Juin 1940 (Front Stalag 102 à Lille et 190 à Charleville et 204 à St Quentin) pour s'évader le 6 Juin 1944 selon certains documents, le 14 Aout 1941 selon d'autres...
Il "aurait" (les documents sont au conditionnel) souscrit un rengagement au titre des F.F.I. le 16 Septembre 1944, pour être incorporé dans le Bataillon VERPOORT (6° Bataillon / 43° R.I.), (bien que j'ai une FICHE DE DEMOBILISATION daté du 22 septembre 1944), et enfin rappelé sous les drapeaux 29 Décembre 1944.... on connaît la suite.
Pouvez-vous m'aider à raccrocher cette petite Histoire à la Grande ? Alors peux-être en sortira-t'il alors quelque chose qui me fera le mieux connaître...
A bientôt et merci encore.
Annie |