<< Guisan a aussi martelé qu’en cas d’invasion l’armée faisait sauter d’importantes infrastructures : ponts, tunnel du Gothard et industries, l’Allemagne serait coupée de son allié italien. >>
N'oublions tout de même pas que, Hitler ayant annexé l'Autriche, rien (sauf d'éventuels bombardements aériens alliés) n'empêchait les liaisons entre Allemagne et Italie passant par le col autrichien du Brenner, au-dessus d'Innsbruck, ce col autrichien étant à 1 374 m d'altitude seulement, avec d'excellentes communications ferroviaires et routières assez peu perturbées en hiver, mais il y a tout de même des avalanches (en hiver) et des glissements de terrain de temps en temps (l'autoroute du Brenner n'a été construite que vers 1965-68). Le col suisse du Gotthard est à 2 112 m, d'où la nécessité de tunnels ferroviaire et routier.
Etre privé du passage par le Gotthard (proche du sud-ouest de l'Allemagne, sa ville importante la plus proche étant Freiburg suivie de Karlsruhe avec, très au-delà, Stuttgart (puis Munich, dans le SE de l'Allemagne), Mannheim, Frankfurt... aurait tout de même été un inconvénient pour le Reich mais pas un véritable désastre. En revanche, l'industrie suisse, très moderne, produisait du matériel précieux pour l'Allemagne, notamment des canons de 20 mm et leur munitions (canons armant une partie des avions de chasse et de la DCA) et bien d'autres choses... dont je n'ai pas la liste. Je suis persuadé que l'intérêt allemand était de ne pas attaquer la Suisse afin de ne pas perturber gravement, voire arrêter, ces livraisons vitales. Les livraisons industrielles de la France occupée à l'Allemagne furent, en fin de compte, très médiocres (mais loin d'être négligeables) en quantité et en qualité, et souvent sabotées, les Français n'appréciant pas l'occupation par les doryphores, et la réaction aurait pu être, par réaction, encore plus anti-allemande en Suisse, pays neutre et pacifique, si elle avait été attaquée brutalement et envahie. N'étant pas juriste, je me demande, et je vous demande, si les livraisons d'armes et de munitions suisses ne constituaient pas une violation flagrante de son statut d'État neutre, comme pour la Suède, qui livrait à l'Allemagne non seulement son précieux minerai de fer à haute teneur en métal, mais surtout toute sa production de roulements à billes, fabriqués par SKF à Göteborg (l'usine y est encore).
Il ne faut pas être trop sévère pour la Suisse, qui était entièrement entourée – cernée – par des pays de l'Axe ou occupés (France) et qui n'avait aucun accès à la mer, sauf à travers l'Italie, la France ou l'Allemagne. Il était donc facile de l'étrangler. Malgré cela, elle est souvent allée beaucoup trop loin dans la "Kollaboration", les victimes étant des réfugiés juifs ou autres (remis aux Allemands...), voire des femmes ukrainiennes ou autres, raflées (dans les rues, etc.) dans leur pays et utilisées comme esclaves dans l'industrie allemande, que la Suisse "rendait" aux Allemands (qui les pendaient) quand elles étaient parvenues à s'évader. Ces taches-là sont indélébiles. |