"Dans le cas de la nuit des Longs couteaux, il me semble évident que le générique des victimes est établi par un cerveau unique et très calculateur, qui a voulu frapper des catégories diverses (cadres SA, politiciens catholiques, officiers, ennemis personnels et peut-être même éventuellement acteurs de l'incendie du Reichstag, pour inciter les autres au silence...) en un savant dosage."
(François Delpla)
J'avais lu deux ou trois choses sur la Nuit des longs couteaux il y a longtemps. J'en avais oublié l'essentiel.
Ce que je relis sur le net contredit votre vision des choses.
"Des exécutions ont également lieu à Berlin, dont celles de Karl Ernst, chef de la SA de Berlin-Brandebourg, arrêté à Brême la veille de son embarquement pour une croisière dans l'Atlantique sud[89], qui crie au peloton : « Visez juste, camarades ! »[90]. En Silésie, le chef SS Udo von Woyrsch[91] perd le contrôle de ses hommes[92]: ceux-ci traquent Werner Engels, SA-Sturbannführer et responsable de la police de Breslau dans les bois et l'abattent ; un des membres du commando tue un ancien SS-Stabsführer, exclu pour malversations financières et dont l'exécution est maladroitement maquillée en un crime commis par des rodeurs[93]. L'action de la SS en Silésie est particulièrement violente et outrepasse les ordres d'Himmler : quatorze membres de la SA sont exécutés, dont sept sont fusillés un par un dans les bois d'Obernigk à la lueur des phares des véhicules, huit civils, dont un médecin juif et trois communistes, sont assassinés, des centaines d'opposants au régime ou tièdes à son égard sont emprisonnés ou passés à tabac[93]...En Prusse orientale, Erich von dem Bach-Zelewski, fait abattre, sur ordre d'Heydrich, Anton von Hohberg und Buchwald, cavalier exceptionnel et SS-Reiteführer, qui avait rapporté au ministère de la défense des propos hostiles à la Reichswehr tenus par un SS-Gruppenfürer[94]. La répression sévit aussi en Poméranie : le SA-Gruppenführer Peter von Heydebreck et son chef d'état-major sont passés par les armes, tous les SA-Brigadeführer sont destitués, les responsables locaux du Stahlhelm sont emprisonnés et parfois torturés ; trois anciens membres de la SS, condamnés pour leurs exactions dans le camp de concentration de Bredow, près de Stettin sont également assassinés".
"La mort de Röhm est suivie d'une nouvelle série d'exécutions à Berlin : l' Obergruppenführer SA Falkenhausen, le Gruppenführer von Detten, Ritter von Krausser, précédemment gracié par Hitler[95]. La dernière victime désignée, le Gruppenführer SA Karl Schreyer est embarqué dans une voiture pour être fusillé à la prison de Lichtervelde, à 4 heures du matin, le 2 juillet[95] : il est sauvé par l'arrivée d'un Standartenführer de la Leibstandarte qui transmet l'ordre d'Hitler d'arrêter les exécutions[95]."
"(...), chef de l'Action catholique, adversaire résolu des nazis, figure de proue de l'opposition catholique au nazisme. qui n'hésite pas à les dénoncer publiquement à plusieurs reprises; pour Göring, « ce fut une action vraiment sauvage de Heydrich »[105]. Kurt Gildish, chargé de l'assassinat abat Klausener par derrière, d'une balle dans la tête, pendant que celui-ci enfile sa veste[105]. Il téléphone ensuite, de la maison de la victime, à Heydrich, qui lui ordonne de maquiller le crime en suicide[105]. Parmi les personnalités catholiques, on compte aussi au nombre des victimes Kuno Kamphausen[106], ancien membre du Zentrum ou Adalbert Probst[107], responsable d'une association catholique de jeunesse."
"Le SS Oberabschnittsführer Erich von dem Bach-Zelewski fait assassiner son rival, le baron von Hohberg und Buchwald, SS Reiterführer dans la grande salle de son manoir à Koeninsberg".
Loin de l'opération minutieusement préparée par un cerveau unique dressant avec soin la liste des victimes, ces faits révèlent une grande confusion. Des chefs nazis qui en profitent pour régler des comptes personnels, des responsables qui perdent le contrôle de leurs troupes, des erreurs grossières et je pourrais continuer en vous citant bien d'autres passages qui témoignent de l'impréparation de la purge. |