"Quand donc situeriez-vous le début de la trahison de Canaris ?
Si elle a commencé avant 1940, comment expliquez-vous qu'un pays dont le renseignement militaire était si gangrené ait pu obtenir une surprise stratégique du calibre de celle de Sedan ?"
Le fait que l'Allemagne ait remporté en France le succès que l'on sait n'implique en rien qu'il n'y ait pas eu trahison. Une chose est d'avoir la bonne info au bon moment. Une autre est de savoir en tirer profit. Staline était parfaitement renseigné sur l'attaque allemande de 41 (par de nombreuses sources dont Canaris et associés). Cela n'a pas empêché l'Armée rouge de recevoir une sévère correction. Etc, etc...
Par ailleurs, il n'est pas rare qu'une action produise des effets différents voire contraires à ceux escomptés par son auteur. Que la profusion de renseignements transmis par les traîtres de l'Abwehr aient, au bout du compte, semé une certaine confusion chez ceux à qui ils étaient destinés, que la qualité de ces mêmes renseignements fut telle que ceux-ci en devinrent suspects, c'est possible. Seule compte l'intention de Canaris et de ses complices. Quant à l'hypothèse que Hitler ait laissé faire Canaris en connaissance de cause, on tombe là dans la paranoïa.
Les faits rappelés par Serge Desbois qui complètent la réponse que j'avais faite à René Claude sont suffisamment nombreux et incontestables (et incontestés) pour ne laisser aucune doute quant à la réalité de la trahison (précoce) de Canaris.
Je ne vois d'ailleurs pas ce qui vous empêche d'admettre cette évidence qui n'invalide pas vos théories hardies. Certes, la trahison de Canaris s'intègre mal dans le tableau peint par vous du régime hitlérien et l'image du manipulateur génial en prend un coup mais cela reste supportable. Un conseil : Lâchez du lest sur Canaris et restez ferme sur Himmler. Vous ne ravitaillerez pas Paulus par voie aérienne. |