Bonjour,
Je crois que le travail de Belot est essentiel pour appréhender la complexité des sensibilités contradictoires qui sont à l'origine de trajectoires non linéaires chez quelques uns des futurs chefs de "Combat" et d'autres mouvements en devenir. Si on prend Jean Gemähling, par exemple, on apprend que dès l'annonce de la demande d'Armistice, il refuse d'entrer dans la mystique "Pétain-le sauveur / Pétain-double-jeu", alors que Frenay, lui, croit sincèrement agir au nom du vieux maréchal qui est parvenu en quelques mois à "dé-républicaniser" la vie politique française, avec l'appui de la quasi totalité des cadres de l'armée, ravis de faire retomber sur le pouvoir civil la défaite.
Il faudra encore une bonne année à Henri Frenay pour comprendre le mensonge vichyste et délaisser (progressivement) les éléments empruntés au discours de la Révolution nationale qu'il utilise encore dans certains de ses articles et manifestes.
Rien n'est simple.
Gemähling au moment où il est recruté par Chevance cherchait à gagner Londres pour rejoindre la France libre: le futur général réussit à le convaincre de n'en rien faire et de rester à Marseille pour renforcer les maigres effectifs de ce qui deviendra le MLN. Gemähling accepte et sera bombardé responsable du SR du tout jeune mouvement clandestin. On voit que cet ingénieur, bien qu'opposé au nouvel ordre et confronté dès le début à travers son travail avec Varian Fry à sa dimension policière, adhère à un mouvement dirigé par un capitaine qui pense faire son devoir patriotique au nom d'un vieux maréchal qui, selon, lui ne peut pas s'exprimer ouvertement... Frenay, ainsi que des millions de Français, est leurré et trahi par le vainqueur de Verdun, cette haute figure dont il ne peut pas intellectuellement et même viscéralement croire à l'éventuelle duplicité. Mais une chose est sûre : Frenay n'attendra pas août 1943 pour sortir d'une torpeur attentiste. Même si son combat n'a pas au départ à l'automne 40 les motivations anti-pétainistes qui lui furent descernée par certains résistants après la guerre, il refuse la défaite et agit. Très tôt. C'est essntiel.
Cordialement,
René Claude |